« Constituer une équipe pour monter un projet entrepreneurial n’est pas évident : « On a tous tendance à traîner avec des profils qui nous ressemblent, alors qu’il faut des compétences différentes et complémentaires », témoigne un participant (Photo: Travis Kalanick, Uber, à gauche, et, Anthony Levandowski, cofondateur d’Otto, à San Francisco). | Tony Avelar / AP

« Au Startup Weekend, on vient aussi rechercher ses futurs coéquipiers », confie Alexis Roche, 23 ans, développeur free-lance qui, pour le week-end, a rejoint l’équipe de Bonne Pioche, un projet de start-up de mise en relation d’intérimaires et de commerçants. Cette étape est cruciale. « Plus importante que le projet même », assure Agnès Fourcade, coprésidente de Femmes Business Angels, un réseau féminin de business angels (investisseurs providentiels), « car une bonne idée menée par une équipe bancale n’a pas beaucoup de chances d’aboutir, alors qu’une idée moyenne portée par une excellente équipe aboutira. »

Mais constituer une équipe pour monter un projet entrepreneurial n’est pas évident : « On a tous tendance à traîner avec des profils qui nous ressemblent, alors qu’il faut des compétences différentes et complémentaires », explique le jeune homme. « Il faut que les associés aient la même vision pour l’entreprise, et que leur relation soit solide car ils vont traverser des épreuves », résume Agnès Fourcade, pour qui l’équipe est un critère décisif dans la décision ou non d’investissement.

Etre amis avant d’être associés est un gros avantage, estime Léo Sounigo, 26 ans, cofondateur de Study Quizz (applications gratuites de quiz pour préparer les examens scolaires) avec son camarade d’école de commerce Adrien Fourrier. « Une association, c’est comme un couple avec un bébé. Il y a des hauts et des bas, et en cas de difficultés, il faut être capable de communiquer, sans avoir peur de contredire », dit-il.

Partager une même culture d’entreprise

« Difficile de confirmer une vision commune avec quelqu’un qu’on ne connaît pas », souligne Alexandre Poisson, 29 ans, cofondateur de Parkadom (plateforme de parkings à louer entre particuliers) avec son ami d’école de commerce Benjamin Pozzi. D’où certaines déconvenues : « Nous avions, par exemple, prévu de nous associer avec un développeur qui travaillait avec nous depuis trois mois. Jusqu’à ce que nous nous rendions compte in extremis qu’on n’avait pas les mêmes mentalités », confie-t-il.

Tout dépend aussi des besoins du projet. Damien Morin, 25 ans, fondateur de Save (start-up spécialisée dans la réparation de smartphones et tablettes), s’est ainsi tourné vers Cyril Montanari, 45 ans, quinze ans d’expérience dans le management de réseau de points de vente : « Au bout d’un moment, j’ai eu besoin d’un profil opérationnel. Mais attention : les personnes plus expérimentées ne pointent pas à Pôle emploi. Pour qu’elles viennent, il faut leur proposer une histoire, une vision et une culture d’entreprise qui les passionnent. »

Pour trouver la perle rare si on ne l’a pas dans son entourage, Tristan Lebleu, de l’incontournable centre d’innovation et de coworking parisien le Numa, conseille d’aller chiner dans « la pléthore d’événements de networking dédiés à l’entrepreneuriat : hackathons, Startup Weekend, Apéro entrepreneurs, Hold-Up de MakeSense, Salons des entrepreneurs… ». Au Numa, des soirées « Adopt a CTO » (chief technology officer, en français directeur de la technologie) mettent en lien exécutifs et développeurs.

« Apprendre à se connaître »

« Il y a aussi beaucoup de fonds d’investissement ou de business angels qui peuvent mettre en contact les porteurs de projet avec les compétences dont ils ont besoin. Et on peut également se tourner vers des réseaux comme La FrenchTech ou Startup Village », conseille Christophe Fourleignie, professionnel de la communication, qui vient de lancer sa start-up.

Le lancement est-il vraiment le moment idéal pour s’entourer ? « En fait, tout dépend du projet : soit la personne a les compétences pour structurer son idée, soit elle n’est experte que d’une partie de la solution et il vaut mieux s’associer dès le départ », conseille Agnès Fourcade. Mais attention à ne pas trop attendre, le risque étant de devenir trop rigide.

« Ensuite, le plus difficile est d’apprendre à se connaître. On peut avoir tendance à prendre des gens rapidement, au fil des besoins, car leur profil est rare ou qu’on s’entend bien avec eux. Mais il faut prendre le temps de bien analyser la valeur ajoutée de chacun », estime Raodath Aminou, d’OptiMiam. Pour vérifier que sa « team » fonctionnait bien, cette dernière l’a fait participer à des hackathons.