Des enfants syriens à Deraa, contrôlée par les rebelles, le 12 septembre. | MOHAMAD ABAZEED / AFP

Une trêve entre le régime de Bachar Al-Assad et les rebelles syriens est entrée en vigueur, lundi 12 septembre à 18 heures. Elle fait suite à un accord annoncé samedi entre la Russie et les Etats-Unis sur un cessez-le-feu de quarante-huit heures, dans un premier temps, énième effort pour mettre un terme à cinq années d’un conflit dévastateur. Pour le secrétaire d’Etat John Kerry, l’accord américano-russe pourrait « être la dernière chance de sauver » la Syrie.

Selon le correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), dans la partie prorégime d’Alep, le dernier tir provenant du secteur rebelle a été entendu à 18 h 55. Dans la partie rebelle, le calme règne depuis 17 heures. « C’est globalement calme sur tous les fronts, surtout dans les régions de Damas, d’Alep et d’Idleb, hormis quelques roquettes tirées dans le Sud juste après le début de la trêve », a dit à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH), mentionnant les principales zones de combats entre rebelles et régime.

Les Etats-Unis et la Russie, alliés respectivement des rebelles et du régime, cherchent à travers l’accord de trêve à favoriser une reprise des négociations entre les deux parties au conflit pour arrêter l’effusion de sang qui a tué selon l’OSDH plus de 300 000 personnes, poussé à la fuite des millions de Syriens et favorisé la montée en puissance de l’organisation Etat islamique (EI). L’accord préconise par ailleurs un accès humanitaire sans entrave dès lundi aux zones assiégées, telle Alep, dans le nord du pays.

Damas a accepté l’accord

Le régime a annoncé le gel de ses opérations militaires « sur le territoire pendant sept jours ». Pendant ce cessez-le-feu, le régime du président syrien ne doit pas mener de « missions aériennes de combat dans toute zone où se trouve l’opposition et sur laquelle on s’est mis d’accord », a prévenu le secrétaire d’Etat américain, John Kerry.

Si elle tient, cette cessation des hostilités devra déboucher sur une collaboration inédite entre Moscou et Washington contre les deux groupes djihadistes EI et le Front Fateh Al-Cham.

Des militaires russes ont mis en place un point d’observation mobile sur la route du Castello, un axe vital pour pouvoir acheminer de l’aide humanitaire dans les quartiers rebelles d’Alep, la grande ville du nord de la Syrie, selon les agences de presse russes.

Pour l’instant, l’ONU n’a pas lancé d’opérations humanitaires, souhaitant des garanties de sécurité pour ses convois. « Les premières distributions prévues fourniront une aide alimentaire à l’est d’Alep », où entre 250 000 à 275 000 personnes vivent dans les quartiers rebelles et n’ont pas reçu d’aide des Nations unies depuis juillet, a précisé l’ONU.

Alliance entre rebelles et le Front Fateh Al-Cham

Ni l’opposition ni la rébellion, affaiblies sur le terrain, n’ont encore donné leur accord formel à la trêve et elles ont demandé des « garanties » à leur allié américain, alors que prévaut le scepticisme quant au succès de ce nouveau cessez-le-feu.

Comme lors de la précédente trêve, à la fin de février, qui avait duré quelques semaines, l’organisation EI et le Front Fateh Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida), qui contrôlent de vastes régions en Syrie, sont exclus de l’accord.

Or, dans plusieurs zones, les rebelles sont alliés aux djihadistes de Fatah Al-Cham, considérés comme terroristes par les Etats-Unis et la Russie, ce qui pourrait constituer le principal obstacle à l’application de la trêve. Dans la soirée, des groupes rebelles ont exprimé leur « refus » que le Front Fateh Al-Cham, leur allié, continue d’être visé par des bombardements.