Le candidat de la primaire à droite Nicolas Sarkozy était l’invité de « L’Emission politique » sur France 2, jeudi 15 septembre. | THOMAS SAMSON / AFP

Candidat à la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy était le premier invité de la nouvelle émission politique de France 2, jeudi 15 septembre. Interrogé par David Pujadas et Léa Salamé, il est revenu sur ses propositions en matière de terrorisme, d’économie ou encore d’immigration.

  • Appliquer « le principe de précaution » au terrorisme

« L'Emission politique », sur France 2 : S'il est élu, Nicolas Sarkozy souhaite mettre en rétention les individus fichés S
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L’ancien président de la République a détaillé sa volonté d’interner les fichés S, suspectés de terrorisme, au nom du « principe de précaution ». « A quoi sert-il de faire des fichiers S si les fichés S, qui portent atteinte à la sûreté de l’Etat, on n’en fait rien, on ne les examine pas, on ne les interroge pas, on ne les met pas en rétention ? », s’est interrogé M. Sarkozy.

Il demande ainsi que « les quelques centaines de personnes qui présentent des critères de dangerosité pour leurs fréquentations, la consultation régulière de sites djihadistes, leur radicalité (…) soit mis, en vertu du principe de précaution, en rétention administrative ».

Dans un entretien au Monde, le procureur de la République, François Molins avait pourtant estimé que cette mesure était « absolument impossible (…). Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d’une procédure pénale. C’est le socle de l’Etat de droit. On ne peut pas détenir quelqu’un avant qu’il ait commis une infraction. »

Accusé sur France 2 de surenchère dans les propositions qu’il préconise pour lutter contre le terrorisme, M. Sarkozy a répondu : « Est-ce qu’on peut faire mieux ? Oui. Est-ce qu’on peut faire différemment ? Ma réponse est oui. Sinon ce n’est pas la peine d’être candidat à la présidence de la République. »

  • « Je suis le justiciable le plus interrogé depuis quatre ans et demi »

« L'Emission politique »,  sur France 2 : Sarkozy dit n’avoir « rien à se reprocher » dans l’affaire Bygmalion
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Interrogé sur sa mise en examen dans le cadre de « l’affaire Bygmalion » et des dépassements de ses comptes de campagne lors de l’élection présidentielle en 2012, Nicolas Sarkozy a prévenu : « Je n’ai pas beaucoup leçons à recevoir. »

« Je suis le justiciable le plus interrogé depuis quatre ans et demi, j’ai été interrogé 91 heures par différents juges d’instruction, à l’arrivée rien », a-t-il affirmé. Or, le parquet de Paris a requis son renvoi devant le tribunal correctionnel, estimant « qu’il avait donné, en connaissance de cause, des instructions en faveur d’une augmentation des dépenses, au mépris des recommandations contraires des experts-comptables ».

L’ancien chef d’Etat a affirmé qu’il assumait « toutes [s]es responsabilités ». « J’ai été lavé de toute accusation mettant en cause ma probité », a-t-il déclaré. Il a ensuite annoncé que s’il était réélu président de la République, un ministre mis en examen resterait au gouvernement : « Je crois beaucoup à l’Etat de droit et à la présomption d’innocence. »

  • « Je dis aux homosexuels qu’on ne les démariera pas, ils pourront se marier »

« L'Emission politique », sur France 2 : S’il est élu, Nicolas Sarkozy n’abrogera pas la loi sur le mariage homosexuel
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Nicolas Sarkozy ne souhaite plus abroger la loi sur le « mariage pour tous ». « J’ai réfléchi, j’ai évolué, j’ai hésité », a-t-il reconnu, ironisant ensuite sur ceux qui « ont des idées très tranchées ». L’ancien chef de l’Etat en a profité pour critiquer François Hollande qui selon lui a fait du débat une opposition entre « les Français modernes, ceux qui comprenaient, et les ringards », opposés à l’union des couples homosexuels.

M. Sarkozy s’était prononcé fin 2014 pour cette abrogation, devant des militants de Sens Commun, lors de la campagne pour la présidence de l’UMP. « Je pense, après y avoir réfléchi très profondément, que la France a bien d’autres problèmes que rouvrir la guerre sur le mariage pour tous », a expliqué l’ancien président.

« Je dis aux homosexuels qu’on ne les démariera pas, ils pourront se marier, par ailleurs je précise que je suis opposé à la gestation pour autrui pour les couples homosexuels comme pour les couples hétérosexuels, très opposé à la fiscalisation des allocations familiales », a-t-il détaillé.

Interrogé sur la colonne vertébrale de ses convictions, M. Sarkozy a répondu par l’une de ses citations favorites : « Quand je m’ausculte, je m’inquiète, quand je me compare, je me rassure. »

  • « Je veux une politique économique centrée sur les entreprises »

« L'Emission politique », sur France 2 : La réduction des dépenses publiques, priorité du programme économique du candidat Sarkozy
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Estimant que le problème prioritaire de la France est le montant trop élevé des dépenses publiques, Nicolas Sarkozy propose de faire les réformes pour diminuer drastiquement ces dépenses, notamment en supprimant 300 000 postes de fonctionnaire en un seul quinquennat. « Je veux une politique économique centrée sur les entreprises », a-t-il dit en annonçant des baisses d’impôt en direction des sociétés et des classes moyennes.

  • La crise migratoire « est un problème de pragmatisme »

« L'Emission politique », sur France 2 : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », dit Nicolas Sarkozy de la crise des migrants
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Images : France 2

Le candidat à la primaire de la droite a ensuite débattu avec le maire de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême (Europe-Ecologie-les Verts). Ce dernier a ouvert dans sa ville un camp de migrants de 1 300 places, en partenariat avec Médecins sans frontières (MSF). L’édile a reproché à M. Sarkozy d’« accuser les migrants de tous les maux ».

« Le système d’intégration français est complètement submergé. Ce n’est pas un problème d’humanité, c’est un problème de pragmatisme, a répondu l’ancien chef d’Etat. L’Europe est le continent le plus généreux du monde, arrêtons de culpabiliser. » Il a fustigé le plan de répartition envisagé par le gouvernement pour démanteler le camp de Calais (Pas-de-Calais). « Nous n’avons pas à vider la jungle de Calais pour la disséminer partout en France et se retrouver avec 100 ou 150 Calais en France », a-t-il soutenu.

« Nous sommes des gens raisonnables qui aimons la France. Il y a un mode de vie français et des conditions d’accueil », a-t-il poursuivi

  • Pour la suppression du statut des travailleurs détachés

Interrogé par un entrepreneur, responsable du Front national (FN) du Val-d’Oise, Mikaël Sala, sur ce point, M. Sarkozy a lancé : « Le statut des travailleurs détachés, je le refuse. » « Il fallait voir à l’expérience si ça allait marcher. Ça n’a pas marché, ça a créé de la concurrence déloyale. Je ferai changer les règles européennes », a-t-il promis, en cas de réélection en 2017.

Un travailleur est considéré comme « détaché » quand il est envoyé provisoirement par une entreprise travailler dans un autre Etat membre de l’Union européenne. Près de 1,9 million de personnes sont concernées par ce statut – soit environ 1 % de l’emploi en Europe.

Le candidat a estimé que la possibilité de supprimer ce statut nécessite de « l’expérience », l’occasion de tacler la présidente du FN : « Mme Le Pen n’a aucune expérience, n’a aucun allié. Il suffira qu’elle demande quelque chose pour que la totalité des autres le refusent », a-t-il argué.

  • « Le premier défi [pour la planète] est le problème démographique »

« L'Emission politique », sur France 2 : pour le candidat Sarkozy, la démographie est le principal défi écologique
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Nicolas Sarkozy a estimé que le problème démographique était « plus important » que le réchauffement climatique, confirmant ainsi implicitement des propos précédents qui ont provoqué une polémique politique, y compris à droite.

L’ancien chef de l’Etat avait déclaré cette semaine qu’il fallait « être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat », a rapporté l’hebdomadaire Marianne. « Cela fait quatre milliards d’années que le climat change. Le Sahara est devenu un désert, ce n’est pas à cause de l’industrie », avait ensuite justifié l’ex-président.

Jeudi soir, il a reconnu que le changement climatique était « un défi très important », tout en avançant que la problématique démographique était « le premier défi » : « Combien d’habitants vont pouvoir habiter sur la planète ? » a-t-il demandé, faisant valoir qu’il fallait résoudre le problème de la natalité galopante pour lutter contre le réchauffement.

  • « Ne pas intervenir en Libye aurait été une erreur diplomatique »

« L'Emission politique », sur France 2 : Nicolas Sarkozy défend son intervention en Libye
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Images : France 2

Interrogé sur l’intervention contre le dictateur Mouammar Kadhafi en Libye que l’ancien chef de l’Etat a décidée en 2011, le candidat à la primaire de la droite s’est défendu en arguant que des débordements dans le pays auraient eu des répercussions directes en France. « La Méditerranée, c’est notre mer », a-t-il affirmé. A ses yeux, renoncer à cette opération « aurait été une erreur diplomatique ».

Un document de la commission des affaires étrangères du Parlement britannique rendu public la veille, met directement en cause le choix de l’ancien président français d’intervenir dans le pays. Le rapport dénonce le processus de décision qui a transformé une intervention censée venir en aide à des civils, à Benghazi, menacés par la répression du colonel Mouammar Kadhafi – une menace « surestimée », affirment les députés –, en une opération visant le régime.

  • Scepticisme sur la « mission » de la France au Mali

« On a envoyé les soldats français au Mali. Peut-être était-ce nécessaire mais sur un espace grand comme trois fois la France, envoyer 3 000 soldats français pour rétablir l’ordre… Je me demande encore quelle est leur mission », a affirmé l’ex-chef de l’Etat. « On a dit aux Français que ça ne durerait que quelques semaines. Je n’ai toujours pas compris qu’elle était la mission et combien de temps nous allions y rester ! », a-t-il ajouté.

L’intervention française au Mali a débuté en janvier 2013, lorsque le président François Hollande a pris la décision, à la demande de Bamako et dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, de participer à l’arrêt de l’offensive que menaient des djihadistes.