La décision a été prise par plusieurs comités locaux chargés des prédateurs et vient en application de règles strictes décidées par le Parlement le 20 juin dernier. Vendredi 16 septembre, les commissions locales norvégiennes ont autorisé la chasse à partir de l’automne de 47 loups sur une population de 65 à 68 bêtes qui vivent au sein des frontières norvégiennes, auxquelles il faut ajouter quelque 25 loups le long de la zone frontalière avec la Suède. Les défenseurs du grand canidé sont scandalisés car le loup est une espèce menacée d’extinction en Norvège.

Cette décision intervient après un été de tensions. Les éleveurs se sont plaint de voir leurs troupeaux décimés. Dans la commune de Rendalen, dans le sud-est de la Norvège, non loin de la frontière suédoise, quelque 500 moutons ont ainsi été tués par des loups. Un tableau spectaculaire mais qui ne dit pas tout, puisque les loups scandinaves se nourrissent en principe à 95 % d’élans sauvages, une meute se nourrissant en moyenne d’une centaine d’élans par an.

Pour justifier la chasse massive, les autorités avancent deux raisons : les loups norvégiens ont des portées de louveteaux trop importantes et de nombreux canidés sont sortis des territoires qui leur avaient été assignés par le Parlement, dans une zone qui s’étend le long de la frontière suédoise, dans le sud-est du pays.

Au-delà du quota national

En début d’année, Rovdata, l’organisme norvégien qui recense les prédateurs, avait noté qu’il n’avait jamais enregistré autant de louveteaux depuis le début de ses relevés en 1998.

La Direction norvégienne de l’environnement a ainsi fait ses comptes : sachant que les données de Rovdata au 1er juin faisaient état de sept portées complètement « norvégiennes » et quatre portées dans la zone frontalière, et qu’une portée frontalière compte pour une demi-portée norvégienne, le nombre de portées en Norvège est donc de neuf, soit bien au-delà du quota décidé au niveau national.

Jusqu’en juin, les autorités norvégiennes avaient limité – dans une tentative de compromis entre partisans et opposants aux loups – à trois le nombre de portées chaque année sur le territoire norvégien, dans une zone strictement définie. Sans fournir un nombre exact d’individus souhaité, le Parlement norvégien a convenu en juin de limiter entre quatre et six le nombre de portées annuelles, dont au moins trois doivent être purement norvégiennes. En incluant dans leur décompte les loups de la zone frontalière, le quota pour le pays est dépassé.

« Nous faisons totalement fausse route lorsque la gestion des animaux à la norvégienne signifie que des espèces peuvent être amenées à la limite de l’extinction alors qu’un risque de consanguinité accrue est imminent », a lancé Arnodd Hapnes, responsable la Fédération des amis de la Terre.

« Je suis profondément préoccupé et me demande si la population norvégienne de loups va survivre à cette politique d’extermination qui vient d’être adoptée, a déclaré Rasmus Hansson, député des Verts. La population de loups norvégienne est petite et fragile, mais s’était légèrement renforcée ces dernières années. Si plus de la moitié des loups est abattue, le gouvernement met brutalement fin à l’espoir d’une population viable. »

« C’est au-delà de toute raison. C’est pour le moins une politique épouvantable, a de son côté critiqué Nina Jensen, secrétaire générale de la section norvégienne du WWF, le Fonds mondial pour la nature. On peut se demander où est passé le respect des politiciens pour la nature. »

Au niveau de la Scandinavie, la population de loups s’élevait à 430 bêtes durant l’hiver 2015-2016 – saison où l’on peut compter les animaux à leurs traces dans la neige –, contre 460 l’hiver précédent. Les loups avaient quasiment disparu de la région dans les années 1960. La population actuelle provient de la zone russo-finlandaise et s’est établie dans le sud de la Scandinavie au début des années 1980.