L’hôpital Georges Pompidou à Paris. | THOMAS SAMSON / AFP

Le conflit entre médecins hospitaliers qui a conduit au suicide du cardiologue Jean-Louis Mégnien, le 17 décembre 2015, à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), n’a pas été correctement géré par les autorités médicales et administratives de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). C’est le constat sévère que dresse l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans la synthèse d’un rapport publiée vendredi 16 septembre par le ministère de la santé.

La mission de l’IGAS liste « cinq manquements de portée inégale » dans le traitement du conflit qui avait débuté en 2012, l’année où M. Mégnien avait vu lui échapper le poste de chef de service du centre de médecine préventive cardio-vasculaire, qu’il estimait lui avoir été promis. Au fil des mois, le praticien hospitalier a progressivement fait l’objet d’une « mise à l’écart médicale», relève l’IGAS. Un médecin senior de l’hôpital décrivait ainsi au Monde en janvier la « descente aux enfers » vécue par son confrère, les infirmières et secrétaires du service ayant par exemple reçu pour consigne de pas lui adresser la parole.

Dans son rapport, l’IGAS constate l’absence ou le retard dans le signalement et l’évaluation de cette situation à risque, l’absence d’alerte de la médecine du travail, l’absence de réunion avec l’ensemble des protagonistes ou encore la « non structuration de la gestion du conflit » au sein de l’AP-HP et l’université. Une première enquête commandée par la direction de l’AP-HP avait déjà conclu en février à l’existence de « dysfonctionnements » en « série » dans ce dossier.

Alors qu’une information judiciaire pour « harcèlement moral » a été ouverte par le parquet, les inspecteurs de l’IGAS ne désignent pour leur part aucun responsable. Ils regrettent simplement une « prise en compte insuffisante de l’implication du président de la commission médicale d’établissement locale », c’est-à-dire le représentant élu des médecins au sein de l’hôpital, protagoniste direct conflit. Après la défenestration du cardiologue, des médecins de l’HEGP avaient dénoncé la« collusion » entre la directrice de l’hôpital et le chef de service de M. Mégnien face à cette situation de « maltraitance ».

Dans un communiqué publié samedi 17 septembre, l’association Jean-Louis Mégnien de lutte contre la maltraitance et le harcèlement au sein de l’hôpital public, dont font partie certains de ces médecins, regrette que les inspecteurs de l’IGAS n’aient pas voulu « envisager l’hypothèse du harcèlement moral, sans doute pour protéger les personnes mises en causes des conséquences pénales de leurs actes ». L’association réclame la publication intégrale du rapport et souhaite demander à Marisol Touraine quelles suites, « notamment disciplinaires », elle entend donner à ce rapport.

La ministre de la santé avait annoncé vendredi, qu’elle demandait à l’AP-HP de mettre en oeuvre « sans délai l’intégralité » des 28 recommandations formulées par l’IGAS « pour améliorer la détection et la prévention des risques psychosociaux, y compris des personnels hospitalo-universitaires ».