C’est l’histoire grinçante d’une application qui – pour l’instant – ne fonctionne pas lorsqu’un attentat est commis, mais déclenche l’alarme pour un canular. Dimanche 18 septembre, les internautes étaient nombreux à ironiser sur le nouveau dysfonctionnement de SAIP, le « système d’alerte et d’information des populations », qui a relayé durant trente-quatre minutes une fausse alerte.

Samedi 16 septembre à 16 h 14, l’application créée pour le compte du gouvernement se déclenche, évoquant un attentat dans une église du 1er arrondissement de Paris.

Pendant trente-quatre minutes, l’application SAIP a signalé un attentat samedi 17 septembre. | Capture d'écran

A 16 h 48, un tweet du compte officiel de la préfecture de police annonce qu’il n’y a en fait « aucun danger à signaler » – non sans que l’activation de l’application ait suscité la confusion dans la population. L’alerte, révéleront les forces de l’ordre, avait été donnée en raison d’un « appel malveillant », que deux mineurs ont depuis revendiqué.

Comment suivre la recommandation officielle du gouvernement d’éviter « la propagation de rumeurs » quand l’application officielle alerte attentat s’active elle-même pour un canular ? « Un raté », « pas très rassurant », « cela ne va pas aider à crédibiliser l’outil »… sur les réseaux sociaux, les messages d’amertume ne manquaient pas, d’autant que SAIP n’en est pas à son premier couac.

Le précédent niçois

Le vendredi 14 juillet, l’application n’avait déclenché l’alerte attentat que près de deux heures après la tuerie de la promenade des Anglais, qui a fait 86 morts. Une enquête de dysfonctionnement avait alors été lancée à l’initiative de Bernard Cazeneuve. Une panne technique la veille de l’attentat, combinée à une infrastructure minimaliste et des procédures de débogage non testées avaient expliqué ce faux pas.

Deux mois plus tard, celle qui avait mis tant de temps à se déclencher s’est donc signalée par son zèle et sa précipitation, estiment ses détracteurs.

Cette fois, nul dysfonctionnement technique au niveau de l’opérateur, mais un choix de la préfecture de police. Le ministre de l’intérieur a publiquement évoqué une activation « par précaution ». Joint par Le Monde, l’entourage de Bernard Cazeneuve justifie cette décision par la volonté de s’assurer que « les personnes présentes dans le périmètre de l’église faisant
l’objet de l’alerte s’en tiennent éloignées ».

Les critiques envers l’alerte donnée ont d’ailleurs été plus mesurées qu’en juillet, certains – comme l’ancien porte-parole du ministre de la justice, Guillaume Didier – estimant logique, au nom du principe de précaution, que l’application ait été activée dès lors qu’une suspicion d’attentat existait.

Beauvau rappelle par ailleurs que l’application « ne se substitue pas [aux réseaux sociaux], ni aux médias, ni aux autres sources d’information ». Reste désormais à voir si les utilisateurs de l’application conserveront leur confiance en celle-ci si une prochaine alerte se produit.