Le Défenseur des droits a dressé, lundi 19 septembre, un « panorama particulièrement inquiétant » des discriminations à l’embauche liées à l’origine, en particulier à l’encontre des personnes vues comme arabes et musulmanes.

Quelque 758 personnes ont répondu en ligne à un appel à témoignages lancé au printemps, dont le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a dévoilé les résultats, en s’inquiétant du « parcours d’obstacles que constitue le marché du travail pour les personnes d’origine étrangère ».

Parmi les témoignages, une demandeuse d’emploi de 25 ans, « première de [sa] classe avec 15 de moyenne », « recommandée » par tous ses anciens tuteurs de stages, explique avoir « à peine décroché deux entretiens en sept mois, en postulant tous les jours et en rappelant les entreprises ». « Il est clair que ni mon nom et prénom, qui sonnent très étrangers, ni ma couleur de peau ne m’aident », conclut-elle.

« On m’a comparé à un terroriste »

Selon le Défenseur des droits, « les personnes qui sont vues comme arabes », notamment, « apparaissent surstigmatisées du fait de la consonance de leur nom et de leurs supposées convictions religieuses ».

« On m’a comparé à un terroriste durant l’entretien d’embauche », rapporte un travailleur de 34 ans, cité dans l’étude. Un chômeur de 41 ans affirme, lui, avoir été licencié « au lendemain des attentats de novembre », parce que son patron « voulait travailler avec des Français ». « Pour info, je suis français », ajoute-t-il. Comme 80 % des répondants.

Face aux « discriminations à répétition », « les personnes d’origine étrangère tentent de trouver des solutions pour adapter leur projet professionnel », par exemple « en acceptant des emplois moins qualifiés, moins payés, plus précaires », écrit le Défenseur des droits. Mais selon l’institution, « le départ à l’étranger apparaît souvent comme la seule option pour mettre un terme à la spirale de l’échec ».

« Je travaille dans l’informatique bancaire, j’ai 27 ans, un bac + 5, je parle quatre langues couramment, j’ai de l’expérience mais toujours pas de CDI… Actuellement, je pense à changer de pays et monter ma boîte à l’étranger », témoigne une femme.

« Fatalisme, renoncement, déclassement, projet d’expatriation… » Selon M. Toubon, ces réactions illustrent une « perte de confiance à l’égard des institutions de la République et en la capacité des politiques publiques à lutter contre cette situation ». Il y a « urgence à mener des politiques publiques fortes pour lutter contre ces discriminations », alerte-t-il.