La Brésilienne Rafaelle Souza et la Française Marie-Laure Delie lors de France-Brésil le 16 septembre dernier. | JEFF PACHOUD / AFP

Exit Philippe Bergeroo, l’équipe de France féminine de football a désormais un nouveau sélectionneur. Quelques jours après une élimination douloureuse en quart de finales des JO face au Canada, Olivier Echouafni a été nommé le 9 septembre 2016. A 44 ans, il n’avait derrière lui que deux années d’expérience sur un banc de touche : une en National à Amiens, une en Division 2 à Sochaux. Vendredi dernier pour leur première, les Bleues ont réalisé un match nul en amical face au Brésil (1-1). Mardi, elles affrontent les Albanaises à Paris dans le cadre des éliminatoires à l’Euro 2017. L’ancien milieu de terrain de Marseille, Nice ou Rennes s’est confié au Monde sur cette nomination surprise et sur ses ambitions.

Votre arrivée n’a-t-elle pas été précipitée ?

Non, elle n’est pas précipitée, mais le timing était très serré. Il y a eu quand même un travail en amont par la Fédération française de football (FFF). Tout s’est accéléré après ma nomination. Ça fait longtemps que je côtoie la fédération. J’ai toujours eu de très bonnes relations avec le président Noël Le Graët. Quand il était président de l’En-Avant Guingamp et que je jouais à Rennes, Marseille ou encore Nice, il y avait un certain respect entre nous. On s’est même toujours appréciés. Durant ma formation d’entraîneur, je suis allé régulièrement à Clairefontaine. Il a pris ses informations et il a estimé que j’avais les qualités pour ce poste.

Certains ont été surpris de votre nomination. Vous n’avez que deux années d’expérience. Que répondez-vous ?

D’abord, il est important de préciser que j’ai voulu terminer tous mes diplômes d’entraîneurs, à l’inverse d’autres… J’ai débuté durant ma carrière de joueur dès 1994 et j’ai passé mon dernier degré en 2012. Je voulais avoir tous les atouts pour ensuite me lancer. C’est un métier différent de celui de footballeur et tellement complexe. Et puis, avant Amiens et Sochaux, j’ai quand même entraîné la réserve de Nice.

Le fait que l’on attendait plutôt une femme en remplacement de Philippe Bergeroo, que Corinne Diacre (entraîneur de Clermont en Ligue 2) est d’ailleurs été contactée, ne vous met-il pas beaucoup de pression ?

Pas du tout. C’est un honneur et un grand plaisir d’avoir été choisi. Il est normal que Corinne Diacre ait été sollicitée. Elle fait un travail formidable à Clermont et je suis certain qu’un jour elle entraînera en Ligue 1.

Comment avez-vous constitué votre staff et est-il définitif ?

Il a fallu s’adapter par rapport aux personnes disponibles. Chacun prend sur son travail personnel pour cette mission de dix jours [Bruno Valencony, entraîneur des gardiennes ou Cécile Locatelli, adjointe]. Le staff pas encore définitif. J’aimerais m’entourer de compétences, de différents vécus. En tout cas, il me paraît important d’avoir une adjointe ainsi que d’autres femmes au sein de mes collaborateurs.

Les JO ont été une énorme désillusion pour les joueuses. La capitaine Wendie Renard semblait très marquée lors de la présentation de la Division 1 féminine…

Bien sûr, ça a laissé des traces. Mais si l’on regarde l’aspect purement résultat, c’est déjà une grande performance de se qualifier aux Jeux, les hommes ne l’ont pas fait. Ensuite, un quart de finale, ce n’est pas donné à tout le monde. Il est tout de même certain qu’il y a une fatigue morale et physique. Les joueuses ont enchaîné beaucoup de matchs. Il y a des blessées qui paient les pots cassés. Je vais observer et tirer un bilan de tout cela.

Olivier Echouafni lors de France-Brésil à Grenoble le 16 septembre dernier. | JEFF PACHOUD / AFP

Il manque toujours un titre aux Bleues. Est-ce votre principal objectif ?

C’est ce qui manque à cette équipe. Un élan formidable est en place depuis quelques années. On a dépassé la barre des 100 000 licenciés grâce à un véritable travail de fond. Il faut désormais apporter la dernière touche, progresser et gagner quelque chose. Il y a le talent nécessaire à ça. Il ne manque que la récompense.

Vous avez signé un contrat de deux ans, soit jusqu’en septembre 2018. Un an plus tard, la France accueillera le Mondial féminin 2019. Avez-vous l’ambition de le disputer à ce poste ?

Cette Coupe du monde est forcément dans un coin de ma tête. Avant cela, d’autres étapes se présentent. On fera le bilan après.

L’un de vos premiers choix a été de rappeler Gaëtane Thiney en sélection, écartée depuis le Mondial 2015.

Il faut laisser derrière nous ce qui a pu se passer avant. Seul l’avenir compte. Je ne vois pas pourquoi je ne prendrais pas certaines joueuses. J’ai besoin de voir où Gaëtane en est. On ne peut pas être par hasard deux fois meilleures joueuses de division 1 (2012 et 2014). J’attends également beaucoup à l’avenir des moins de 20 ans, championnes d’Europe, qui vont disputer la Coupe du monde dans deux mois.

Quel est votre regard sur le championnat de France féminin, outrageusement dominé par Lyon ces dix dernières années ?

Il est nécessaire d’avoir un œil averti sur ce qui se passe. Je suis content que l’on ait en D1 de nouvelles têtes d’affiche, de grands clubs comme Bordeaux, Marseille ou Metz. Je veux aller à la rencontre de tous les clubs de D1 et de D2. Dès que mon emploi du temps me le permettra, je veux rencontrer les entraîneurs, les présidents et les élus. Le foot féminin concerne tout le monde : les amateurs, les semi-professionnels et les professionnels. Il faut convaincre les partenaires et les élus d’aider à rendre ce championnat encore plus attractif. Il ne faut plus autant d’écart de niveau.