Marine Martin, présidente de l’Apesac et l’avocat de l’association, Joseph-Oudin, le 24 août. | BERTRAND GUAY / AFP

L’association de victimes de l’antiépileptique Dépakine a annoncé mercredi 21 septembre avoir déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge, afin d’établir les responsabilités dans ce « scandale » sanitaire.

« Malgré des plaintes individuelles de plusieurs familles, déposées il y a seize mois pour certaines, à ce jour, aucune date n’a été communiquée concernant une quelconque information judiciaire », a déploré l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) dans un communiqué. Cette plainte contre X vise ainsi à ce « qu’une information judiciaire soit ouverte et qu’un juge d’instruction soit nommé ».

Il est « urgent qu’une enquête indépendante soit diligentée pour comprendre comment (…) la Dépakine et ses dérivés ont continué d’être majoritairement prescrits chez des femmes enceintes » alors que les dangers pour le foetus étaient connus, a souligné l’Apesac.

Risque élevé de malformations congénitales

La molécule en cause, le valproate de sodium, est considérée comme un médicament de référence, indispensable à certains patients atteints d’épilepsie. Il est commercialisé par le laboratoire Sanofi depuis 1967, sous la marque Dépakine, et aussi sous des marques génériques. Il est également prescrit aux personnes souffrant de troubles bipolaires sous les noms de Dépamine et Dépakote.

Mais lorsqu’une femme enceinte prend ce médicament, son enfant présente un risque élevé – de l’ordre de 10 % – de malformations congénitales mais également un risque accru d’autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche, pouvant atteindre jusqu’à 40 % des enfants exposés.

Entre 12 000 et 50 000 enfants touchés

Plus de 12 000 enfants en France pourraient souffrir de ces séquelles, selon l’épidémiologiste Catherine Hill, qui a établi une estimation « prudente » à partir des ventes du médicament et du nombre de femmes enceintes traitées. Selon l’Apesac, qui met en garde depuis 2011 sur les dangers du valproate de sodium, ce chiffre pourrait monter à « environ 50 000 enfants », morts ou handicapés.

En février, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a rendu un rapport qui critique la « faible réactivité » de Sanofi et de l’agence du médicament ANSM, qui n’ont pas suffisamment informé à propos des risques connus pour les patientes enceintes. Fin août, le ministère de la santé a reconnu que plus de 14 000 femmes enceintes avaient été « exposées » entre 2007 et 2014 et annoncé la mise en place d’un dispositif d’indemnisation des victimes.