Sur le site d’Alstom de Belfort, le 7 septembre. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Alstom, qui a annoncé la veille vouloir cesser sa production de trains sur son site de Belfort d’ici à 2018, s’attire jeudi les foudres du gouvernement et des deux anciens ministres de l’économie, Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron.

« Ces annonces brutales sont très étonnantes », a déclaré la ministre de l’écologie et de l’énergie Ségolène Royal, sur France Inter. La ministre s’étonne notamment de la concomitance d’annonces de commandes importantes, notamment aux Etats-Unis, et de la restructuration du site de Belfort. « Nous regardons de très près ce qui se passe parce que personne n’y comprend plus rien », a-t-elle souligné, ajoutant que « le gouvernement est attentif, surtout sur des filières industrielles de toute première importance »

« Lorsque il y a des mutations industrielles à faire, (il faut) que ce soit des mutations qui soient préparées, qui soient tournées vers le futur, avec les nouvelles industries à mettre en place liées à la transition énergétique et à l’innovation dans les transports. »

L’ancien ministre de l’économie et candidat à la présidentielle Arnaud Montebourg a aussi dénoncé un projet « inacceptable ». « Il faut que Alstom présente un site alternatif. Car on ne peut pas laisser partir un savoir-faire et un site industriel aussi important », a-t-il développé sur France 2.

Montebourg contre « la politique du laisser-faire »

Mercredi, Alstom a annoncé que la production de trains serait « transférée » à Reichshoffen, dans le Bas-Rhin, tandis que les branches production et études sont vouées à disparaître. La direction a assuré que « tous les salariés recevront, s’ils le souhaitent, une proposition de transfert vers des sites d’Alstom en France d’ici à 2018 ». Mais pour M. Montebourg, ces décisions sont le fruit de la politique du « laisser-faire ».

« La politique du laisser-faire consiste à dire on ne s’en occupe pas. Quand l’Etat est présent dans le capital d’Alstom, dans le capital de la SNCF, le minimum, c’est d’avoir une politique de patriotisme économique. Ce que, moi, j’appelle le made in France. »

« Est-ce qu’on sait qu’au mois de juillet, la SNCF vient d’acquérir 44 locomotives allemandes ! », s’est ainsi insurgé M. Montebourg, en référence à la commande remportée par Vossloh, concurrent allemand d’Alstom, auprès d’Akiem, filiale de la SNCF et de la Deutsche Bank.

« Pas conforme aux engagements pris par Alstom » selon Macron

Pour les salariés d’Alstom, l’annonce de la direction est d’autant plus difficile à accepter qu’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, s’était rendu sur le site de Belfort en mai pour les rassurer. « Notre objectif, c’est zéro licenciement chez Alstom Transport », avait alors déclaré M. Macron, soulignant que « l’Etat sera au côté d’Alstom Transport ».

« Ce qui a été annoncé hier n’est, dans la méthode, pas acceptable », a d’ailleurs réagi M. Macron mercredi soir, sur France Bleu Auvergne :

« Pour bien connaître le dossier, la décision qui a été prise et le calendrier annoncé ne sont pas acceptables et pas conformes aux engagements qui avaient été pris par l’entreprise. Il convient de retourner à la charge sur ce point. On a accompagné cette entreprise sur le territoire de Belfort, on a pris parfois des décisions difficiles, je pense qu’il n’est pas convenable aujourd’hui d’annoncer ce qui a été annoncé hier. »