Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, le 20 septembre, à New York. | Drew Angerer / AFP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a profité de son passage à l’Assemblée générale de l’ONU, mardi 20 septembre, pour réclamer une action internationale contre l’ex-prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être l’instigateur de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet. Agé de 75 ans, ce dernier vit en exil aux Etats-Unis depuis 1999.

« Depuis cette tribune, je voudrais appeler tous nos amis à prendre les mesures nécessaires contre l’organisation terroriste Fethullah, pour l’avenir et le bien-être de leur propre population. »

M. Erdogan a ainsi fait état d’une menace « pour la sécurité nationale non seulement de la Turquie mais des 170 pays où [l’organisation de M. Gülen] existe », soulignant que cette « structure clandestine » représentait un danger pour la moitié des Etats représentés à l’ONU. « Si vous ne combattez pas dès maintenant, demain il sera trop tard », a-t-il ajouté.

Au moins 270 morts

Ankara a, à de multiples reprises, exigé de Washington l’extradition de Fethullah Gülen et a adressé aux autorités américaines des documents qui prouvent, selon les Turcs, son implication dans le putsch avorté.

En visite en Turquie fin août, le vice-président Joe Biden avait déclaré « comprendre les sentiments intenses » du gouvernement au sujet de l’ex-prédicateur. Mais il avait estimé qu’Ankara devait fournir plus d’éléments incriminant ce dernier si elle voulait obtenir son extradition.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet, une partie de l’armée s’est soulevée tentant de renverser le pouvoir de M. Erdogan. La tentative de coup d’Etat a fait au moins 270 morts. En réponse, les autorités ont lancé une purge sans précédent dans l’administration – armée, justice, médias, éducation – pour chasser les sympathisants de M. Gülen.

« Des excuses artificielles »

Le président turc, qui a conclu un accord en mars avec l’Union européenne pour tenter de maîtriser les flux migratoires vers l’Europe, a aussi déploré que Bruxelles n’aie pas tenu ses promesses. En échange de ses efforts, Ankara devait recevoir trois milliards d’euros et la possibilité pour les Turcs de voyager sans visa vers l’Europe, ainsi qu’une accélération des négociations pour l’accession de la Turquie à l’UE.

M. Erdogan a souligné que les autorités de son pays avaient dépensé 25 milliards de dollars pour s’occuper des quelque 2,7 millions de réfugiés syriens installés sur son sol. Les promesses de l’Union européenne « ont été presque oubliées et des excuses artificielles sont invoquées tout le temps », a-t-il regretté.