YouTube crée le statut de « YouTube heroes » pour ses utilisateurs les plus impliqués. | LUCY NICHOLSON / REUTERS

Difficile pour les géants du Web de modérer efficacement les innombrables contenus publiés jour et nuit sur leurs plates-formes. Un casse-tête auquel YouTube a décidé de répondre en faisant appel à la communauté. Dans un nouveau programme lancé discrètement mardi 20 septembre et baptisé « YouTube heroes », la plate-forme propose à ses utilisateurs de s’impliquer davantage sur le site et d’en tirer des récompenses.

Parmi les actions valorisées par YouTube, on trouve par exemple la rédaction de sous-titres ou « le partage de connaissances », mais aussi et surtout, le signalement de contenus violant les règles de la plate-forme. Comme Facebook ou Twitter, YouTube modère les contenus après leur publication, qu’il s’agisse de vidéos ou de commentaires. A condition que ceux-ci soient signalés par des internautes. N’importe quel utilisateur peut le faire, mais cette action fera spécifiquement partie des missions des « héros », qui leur permettra de gagner des points. YouTube ne précise pas si les signalements de ses « héros » seront traités différemment des autres par ses équipes de modération.

Présenté sous forme de jeu avec différents niveaux, ce programme débloque des récompenses en fonction du nombre de points accumulés par chaque participant. Des gratifications d’une nature un peu étrange, puisqu’elles consistent à « participer à des workshops exclusifs », découvrir en avant-première des nouvelles fonctionnalités et… accéder à un outil permettant de signaler des contenus en masse. En clair, YouTube récompense l’implication de ses utilisateurs en leur donnant les moyens de s’impliquer davantage et plus efficacement.

Pression

Faire appel aux internautes pour fluidifier la modération des contenus n’est pas nouveau : Wikipédia repose sur cette idée depuis ses débuts, et de nombreux forums comme Reddit, l’un des plus grands au monde, accordent des statuts de « super-utilisateurs » bénéficiant de pouvoirs de modération. Plus récemment, l’application Periscope, qui doit faire face à la problématique de la modération de commentaires sur des vidéos en direct, a également misé sur ses utilisateurs. Si un commentaire est signalé par un internaute, alors l’application demande à cinq autres personnes, choisies au hasard, si le contenu viole effectivement les règles. En fonction de leurs réponses, l’utilisateur fautif sera suspendu. YouTube, de son côté, permettait déjà aux youtubeurs de modérer les commentaires de leurs propres chaînes, et de donner ce pouvoir aux personnes qu’ils choisissaient.

Les enjeux de la modération pèsent de plus en plus lourd sur les grandes plates-formes du Web, critiquées pour servir de caisse de résonance à toutes les dérives. Cet été, l’actrice américaine Leslie Jones a par exemple été la cible d’une violente campagne de harcèlement raciste. Et depuis le début de la vague d’attentats djihadistes qui vise les pays occidentaux, plusieurs gouvernements ont fait pression sur ces entreprises pour qu’elles renforcent leur politique de modération, jusqu’ici très poreuse.