Des conteneurs sont posés sur une plate-forme amarrée au quai, à Copenhague.

Pour les étudiants, se loger se résume trop souvent à opter pour la moins mauvaise solution. Faute d’argent, faute de choix. C’est l’appartement familial, la colocation forcée, le ministudio qui ressemble à une cellule, la cohabitation intergénérationnelle ou la cité universitaire. Mais même un étudiant désespéré hésiterait à vivre dans un conteneur, si on lui proposait. Ça ne fait pas rêver.

Urban Riggers, jeune entreprise danoise créant des logements eco-friendly, montre qu’il existe des solutions novatrices pour aider les étudiants à se loger décemment, alors que les environnements urbains sont trop souvent hors de prix. Plutôt que d’être obligé de s’exiler en lointaine banlieue, éloigné de son lieu d’études, il suffit précisément d’investir des zones inoccupées. Par exemple, la surface de l’eau. Avec des matériaux inattendus. Par exemple, un conteneur.

Le projet, imaginé par l’architecte danois Bjarke Ingels – qui possède 10 % d’Urban Riggers –, a été inauguré le 21 septembre à Copenhague. Il consiste en une « unité » de douze chambres d’étudiant dans des conteneurs « modulables » d’une surface totale de 680 mètres carrés. Ce bâtiment d’un nouveau type a l’air moderne, avec une certaine élégance et potentiellement plein de lumière dans les photographies de promotion – très Ikea – mises en ligne.

L’intérieur aménagé d’un conteneur. | BIG/Bjarke Ingels Group

Vue de l’intérieur. | BIG/Bjarke Ingels Group

Chaque logement comporte une chambre, une salle de bain et une kitchenette. Les parties communes, parfois reliées par des escaliers, sont une petite cour, un toit qui fait terrasse ou un garage à kayak (!!). Le loyer pour un logement de l’unité est de 600 dollars. Dans la zone centrale de Copenhague où il se trouve, il peut facilement atteindre les 1 200 dollars.

Dans le port de Copenhague, les constructions côtoient les usagers habituels. | BIG/Bjarke Ingels Group

La construction se veut autosuffisante. La consommation électrique des résidents sera assurée par des panneaux solaires installés sur le toit. Le chauffage et l’air climatisé le seront par un système qui utilisera l’inertie thermique de l’eau qui entoure la résidence flottante.

« Nouvelles formes d’urbanisation »

Les chambres d’étudiant de Copenhague sont un premier test pour Urban Rigger. Bjarke Ingels imagine d’exporter le modèle dans d’autres grandes villes européennes. Car, explique-t-il, beaucoup « cochent les cases nécessaires pour l’accueillir » : forte population étudiante à cause de la présence d’une ou plusieurs universités dans le centre de la ville, pas assez de logements ou des loyers exorbitants, un accès à de l’eau.

« La plupart des villes postindustrielles connaissent une sorte de transformation et un déclin dans leur industrie portuaire. Vous voyez dans le monde entier des villes qui ont des zones portuaires de plus en plus disponibles pouvant être au cœur de nouvelles formes d’urbanisation. »

Pour l’instant, la compagnie doit payer à la Ville de Copenhague un loyer d’accès au front maritime. Mais elle espère que d’autres municipalités lui donneront accès à des espaces publics une fois qu’elles verront qu’elles ont aussi à y gagner. La construction de vingt-quatre unités est en discussion en Suède, New York est intéressée, selon l’entreprise, qui dit n’avoir aucun projet pour le moment en France, où pourtant, les logements pour étudiants manquent depuis un moment.

Vue du port de Copenhague où flotte la résidence. | BIG/Bjarke Ingels Group