C’est une bonne nouvelle pour les amateurs de Nutella. Selon un rapport présenté par WWF mercredi 21 septembre, de plus en plus d’entreprises optent aujourd’hui pour une huile de palme durable. C’est le cas de l’entreprise Ferrero, mais aussi Danone ou encore Arnott’s qui ont utilisé uniquement de l’huile de palme certifiée sur l’année 2015. En France ce sont les entreprises Carrefour, Casino, Cérélia, Sodexo, L’Oréal et Super U qui, selon WWF, « ouvrent la voie vers un marché où l’huile de palme durable certifiée deviendra un standard ».

Ce rapport, publié tous les deux ans, regroupe 137 entreprises qui représentent, à elles seules, 6 millions de tonnes d’huile de palme par an, soit 10 % de l’utilisation mondiale. Son évaluation est basée sur les promesses et réalisations des entreprises, notamment l’achat de l’huile de palme durable ou la transparence de leurs politiques d’approvisionnement.

Lutter contre la déforestation

Fin 2015, l’ONG avait encouragé les entreprises à formuler des objectifs précis sur leurs engagements à l’horizon 2015 et sur leur utilisation d’huile de palme certifiée RSPO, c’est-à-dire non issue de la déforestation. De nombreuses compagnies avaient promis aux consommateurs de se fournir à 100 % en huile de palme certifiée. « Cette année, le WWF a porté une attention toute particulière à mesurer la concrétisation de ces promesses », explique Adam Harrison, responsable du programme huile de palme pour le WWF. Pour le groupe Carrefour, qui a atteint son objectif début 2015, ce geste « s’inscrit dans une stratégie globale pour lutter contre la déforestation ».

En effet l’huile de palme, qui est l’huile végétale la plus répandue dans le monde, est responsable de la disparition d’un million d’hectares de forêts chaque année, principalement en Indonésie et en Malaisie. Cette déforestation est catastrophique pour la biodiversité des pays et pour le climat à l’échelle mondiale. Selon le rapport de WWF, la traçabilité de l’huile de palme contribuerait donc à limiter la destruction des forêts et à réduire l’impact de la production de l’huile végétale.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Des progrès remarquables

« Cette année, nous avons vu le nombre d’entreprises impliquées dans le projet augmenter, explique Arnaud Gauffier, responsable agriculture et alimentation du WWF France. Mais l’évolution la plus notable reste celle des acteurs déjà engagés les années précédentes. » Le niveau d’ambition de ces derniers a considérablement augmenté ces dernières années et aujourd’hui 2,28 millions d’hectares de palmier à huile sont certifiés RSPO.

Cependant, « si plus de la moitié des entreprises évaluées affichent des progrès appréciables, un acteur sur cinq n’a pas répondu ou ne fait que trop peu pour réduire l’impact de l’huile de palme qu’il achète sur les écosystèmes », explique Adam Harrison. En effet, seules 59 entreprises sur les 137 évaluées utilisent uniquement de l’huile de palme certifiée. Des entreprises comme Yum (producteur de nouilles instantanées) ou Daily France (viennoiseries surgelées) n’utilisent que peu ou pas d’huile durable, alors que leurs volumes d’utilisation sont très importants. Pour le responsable du programme, « c’est inacceptable compte tenu de la facilité avec laquelle il est possible d’obtenir un produit certifié ».

La certification RSPO, qui est un des seuls labels visant à protéger les forêts tropicales avec Red Forest Alliance, est critiquée par certains acteurs de la protection de l’environnement pour le manque d’ambition de ses critères. « Il est vrai que la certification se focalise pour l’instant essentiellement sur les forêts primaires et peu sur la protection des forêts secondaires ou des sols riches en carbone, admet Arnaud Gauffier. Mais nous travaillons sur un programme plus ambitieux. » En effet, en 2017 les critères RSPO devraient être révisés à la hausse.

Aujourd’hui, 17 % de la production d’huile de palme est certifiée RSPO. Pour Arnaud Gauffier, c’est un premier pas, mais il faut aller plus loin « en encourageant notamment les entreprises à se concentrer maintenant sur les dérivés de l’huile de palme, utilisés par exemple dans les cosmétiques. »