Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, salariés de Triskalia et Nutréa, victimes d’intoxication aux pesticides – à Plouisy en Bretagne, en septembre 2016. | SERGE PICARD POUR LE MONDE

Deux anciens salariés de la puissante coopérative bretonne Triskalia, victimes d’une intoxication aux pesticides et ensuite licenciés, ont obtenu plus de 100 000 euros pour le préjudice subi, a annoncé jeudi 22 septembre le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc.

Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, employés par la société, avaient manipulé sans protection des pesticides en 2009 et 2010. Ils contractaient alors les symptômes (saignements, vomissements, maux de tête, fatigue intense...) du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple, maladie chronique et invalidante, mais qui n’est pas reconnue en France.

Une décision « satisfaisante »

« Cette décision nous paraît satisfaisante », a commenté leur avocat, Me François Lafforgue.
Il a ajouté que ses clients « ne comprendraient pas si l’entreprise décidait de faire appel de la décision ». Sud Solidaires, qui avait soutenu leur combat judiciaire, s’est pour sa part réjoui de cette décision :

« [C’]est une nouvelle victoire pour Stéphane et Laurent, qui mènent depuis maintenant près de sept ans un combat sans relâche pour faire reconnaître leur maladie, exiger réparation et dénoncer le scandale sanitaire et environnemental que représente aujourd’hui l’utilisation massive et irresponsable des pesticides dans l’industrie agroalimentaire. »

Selon le syndicat, MM. Rouxel et Guillou se sont portés partie civile auprès du tribunal de grande instance de Saint-Brieuc dans le cadre d’une plainte au pénal qu’ils ont déposée en 2010, après leur deuxième accident du travail et leur intoxication. Ils attendent que les prud’hommes de Lorient statuent sur leurs licenciements.

Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc avait reconnu en septembre 2014 la « faute inexcusable » de Nutréa (filiale de Triskalia) pour l’intoxication en 2010 de deux anciens salariés.