Pascal Coste, élu à la tête du conseil départemental de Corrèze, le 2 avril 2015. | MEHDI FEDOUACH / AFP

Les 1 300 fonctionnaires du conseil départemental de la Corrèze, exceptés ceux concernés par un service minimum, étaient appelés, jeudi 22 septembre, à une journée de communication et de protestation contre la baisse des dotations de l’Etat – estimée à 13 millions d’euros entre 2014 et 2017.

Cette opération inédite, voulue par la majorité de droite dirigée par Pascal Coste, entraînera un fonctionnement de beaucoup de services publics « dégradé » avec fermeture des accueils recevant du public, annulation de tous les rendez-vous, repas froids dans les cantines des collèges et limitation du nombre de ramassages scolaires notamment. « On veut montrer aux Corréziens ce qui pourrait arriver si l’on ne se bat pas, a expliqué le président du conseil départemental. Nous, on veut garder nos services, présenter nos métiers et expliquer à quoi ils servent. »

Mais cette opération de communication, qui s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation de l’Assemblée des départements de France, a jeté la stupeur dans les rangs des fonctionnaires territoriaux et de l’opposition socialiste. Surpris par « cette décision unilatérale », le syndicat CGT, majoritaire, s’est interrogé « sur le caractère politique que peut revêtir cette opération », « égratignant au passage le principe de neutralité des fonctionnaires », qui est « l’ADN de la fonction publique ». Après avoir consulté les personnels, la CGT a demandé aux agents « de ne pas participer à cette initiative ». De son coté, l’UNSA ne donne pas de consigne : « Si les agents départementaux ont un devoir d’obéissance aux instructions de leur supérieur hiérarchique, l’UNSA rappelle qu’ils doivent au contraire refuser d’obéir à un ordre lorsqu’il est manifestement illégal ou contraire à un intérêt public. »

« On va se retrouver en Corée du Nord ! »

Les élus socialistes ont été plus affirmatifs et ont décidé de venir distribuer des tracts, jeudi matin, devant l’hôtel du département Marbot à Tulle, en appelant les agents « à la résistance et à la désobéissance ». « On se croyait en Corrèze et on va se retrouver en Corée du Nord dans pas longtemps », s’est ulcéré Bernard Combes, maire PS de Tulle et conseiller du président de la République. Fustigeant lui aussi « le non-respect de la neutralité des fonctionnaires », il s’est interrogé sur le coût « de cette opération politicienne », et n’a pas manqué d’indiquer que Pascal Coste « était deux jours avant, à Sète, à une réunion de soutien à Bruno Le Maire, candidat à la primaire à droite, qui veut supprimer 500 000 emplois publics ». Les élus envisagent de porter l’affaire devant le tribunal administratif.

Assumant « cette action symbolique de communication », Pascal Coste a dénoncé « l’exploitation politicienne qui en est faite… On aurait pu faire le choix d’une énième motion ou d’une visite de courtoisie à un ministre, mais on fait cela depuis cinq ans ! », a insisté le président du conseil départemental. « Il faut du courage politique. Alors on s’adresse à ce gouvernement, qui n’est pas le pire, et à ceux qui vont venir, pour leur dire notre position équilibrée, qui n’est pas une posture politicienne. C’est une action que nous pourrons reconduire en 2017, même si nos amis politiques sont au pouvoir. Et peut-être même plus fortement. »