Manifestation dans le centre de Charlotte (Caroline du Nord), jeudi 22 septembre. | MIKE BLAKE / REUTERS

Les militaires de la garde nationale ont été déployés en renfort et un couvre-feu a été décrété dans la ville américaine de Charlotte pour prévenir tout débordement jeudi 22 septembre. Il s’agissait de la troisième nuit consécutive de manifestations destinées à dénoncer l’homicide d’un Noir par un policier, mardi.

Une atmosphère calme régnait parmi les quelques centaines de manifestants qui arpentaient dans la soirée les rues de cette ville de Caroline du Nord derrière des pancartes proclamant « Arrêtez de nous tuer » ou « La résistance est belle ».

Des militaires et un véhicule blindé de type Humvee étaient toutefois déployés devant l’hôtel Omni, scène des pires violences la veille. « Nous avons maintenant les ressources permettant de protéger les infrastructures et d’être nettement plus efficaces », avait prévenu le chef de la police de Charlotte-Mecklenburg, Kerr Putney.

Empêcher les saccages

Il avait affirmé plus tôt dans la journée que « plusieurs centaines » de membres supplémentaires des forces de l’ordre tenteraient d’empêcher les saccages des deux soirées précédentes, qui ont conduit le gouverneur de Caroline du Nord à décréter l’état d’urgence.

Mesure supplémentaire : la police et la maire Jennifer Roberts ont décidé de mettre en place un couvre-feu à partir de minuit et jusqu’à 6 heures. Dans la nuit de mercredi à jeudi, quarante-quatre personnes ont été interpellées, et un manifestant a été mortellement blessé par balle, tandis que deux policiers ont subi des blessures mineures à l’oeil.

Présent sur le lieu de la contestation, un journaliste de l’Agence France-presse a vu cet homme s’effondrer au sol, cible d’un tir qui le faisait abondamment saigner. Il a été touché par une balle non tirée par un policier, ont assuré les autorités, et est finalement décédé jeudi selon NBC.

Violences policières : l’état d’urgence décrété à Charlotte
Durée : 00:50
Images : Reuters

Vidéo

Les manifestants protestent contre la mort de Keith Lamont Scott, un homme noir de 43 ans qui a été, selon sa famille, victime d’une bavure flagrante mardi sur le parking d’un immeuble. D’après la police, M. Scott a été mortellement blessé par balle alors qu’il refusait de lâcher son arme de poing. Ses proches affirment qu’il n’avait qu’un livre en main.

Pressé par des habitants ainsi que par l’ACLU, puissante association américaine de défense des libertés, de rendre publique une vidéo montrant l’intervention policière contre M. Scott, le chef Putney s’y est refusé.

Il a cependant admis que la séquence filmée n’offrait « pas de preuve visuelle indiscutable confirmant que quelqu’un est en train de pointer une arme ». Un aveu semblant affaiblir la thèse policière selon laquelle le policier qui a tiré était directement menacé par Keith Lamont Scott.

Des membres de la famille de la victime ont vu la vidéo et l’un de leurs avocats a dit sur CNN qu’aucune arme n’y apparaissait.

Clinton réagit à la mort d’Afro-Américains tués par la police
Durée : 00:48
Images : AFP

Policière inculpée à Tulsa

Ces deux dernières années aux Etats-Unis, des policiers ont tué des Noirs parfois non armés dans différentes villes du pays, ou traité des Afro-Américains avec une brutalité gratuite qui a choqué la population.

La mort de Keith Lamont Scott a suivi celle vendredi d’un Noir non armé dans l’Etat de l’Oklahoma. Terence Crutcher a été abattu alors qu’il était tenu en joue par les policiers après avoir marché jusqu’à son véhicule les mains en l’air. La policière auteure du tir mortel a été inculpée jeudi d’homicide involontaire.

Deuxième nuit de violences à Charlotte, aux Etats-Unis