Site Renault de Douai, en janvier 2016. | DENIS CHARLET / AFP

Trois mois après la signature du « nouvel élan pour la croissance » de PSA, Renault a officiellement donné le coup d’envoi, jeudi 22 septembre, à un cycle de négociations avec ses organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CGT et FO). Objectif, établir son nouvel accord social pour la période 2017-2019. Et cette fois, promis, le constructeur ne demandera pas d’importants efforts à ses salariés.

Les discussions porteront sur les engagements de Renault pour l’activité de fabrication et d’ingénierie et les investissements, et sur plusieurs thématiques (emploi et compétences, management et organisation du travail, cadre de travail, organisation du temps de travail, dialogue social), indique la direction de l’entreprise dans un communiqué.

« Ambiance sereine »

« La direction s’est dite disposée à engager des discussions de fond sur les départs, les embauches, les questions de précarité, l’organisation du travail, la rémunération et la reconnaissance des qualifications », confirme Fabien Gâche, de la CGT. « L’ambiance était sereine, constate Franck Daoût, de la CFDT. La volonté est d’établir un dialogue social et local. Et cela nous va très bien. »

Rien à voir avec l’accord précédent, signé en mars 2013, et tout de suite renommé accord de compétitivité. Le groupe avait notamment exigé le départ de 8 200 personnes et une augmentation du temps de travail des salariés. En contrepartie, la direction avait garanti le maintien de tous ses sites et l’augmentation de la production sur chacun.

Promesse tenue : de 510 000 unités en 2012, le nombre de voitures fabriquées en France devrait dépasser le niveau de 710 000 cette année. Sur la période, Renault a embauché plus de 2 000 personnes, alors qu’il s’était engagé à 700 recrutements.

« En 2013, les sites étaient très peu chargés et le chômage technique ainsi que les prêts de main-d’œuvre d’un site à l’autre étaient endémiques. Nous n’étions pas en bonne posture pour négocier, se rappelle Laurent Smolnik, de FO. Tout ça, c’est terminé. Les usines tournent désormais à plein régime et les résultats financiers sont bons, il faut donc maintenant travailler à l’amélioration des conditions de travail. »

« Aujourd’hui, confirme Franck Daoût, nous ne partons pas pour négocier un accord de compétitivité. Nous n’accepterons pas de contraintes supplémentaires pour les salariés. Nous souhaitons trouver les conditions avec la direction pour préparer l’entreprise aux prochains défis du monde automobile tout en améliorant de manière importante le niveau de qualité de vie au travail. »

« Renault est aujourd’hui plus fort en France, confirmait récemment Tristan Lormeau, le directeur des ressources humaines du groupe en France. C’est dans ce contexte et avec un état d’esprit d’ouverture et de dialogue que commence cette nouvelle période de négociation. »

Réduire le volant des précaires

Et les syndicats ont une demande très forte : réduire le volant de précaires qui n’a cessé d’enfler depuis trois ans. Selon la section CGT du constructeur, le groupe compterait aujourd’hui 8 000 intérimaires sur ses lignes de production.

« Sur certains sites, 80 % des opérateurs sont intérimaires. Et en moyenne, c’est 50 % sur l’ensemble des sites. C’est inadmissible ! relève Laurent Smolnik. Il faut remédier à cette situation, car cela pose des problèmes pour ces personnes mais aussi pour l’organisation du travail. »

La CGT demande au minimum 14 000 embauches sur les trois prochaines années

« En ingénierie, s’il est légitime de recourir à des sous-traitants, il faut également évaluer ce qui relève du strict nécessaire », complète Franck Daoût. Tous les syndicats souhaitent donc une accélération des recrutements en CDI. La CGT demande au minimum 14 000 embauches sur les trois prochaines années.

« Meilleure répartition des bénéfices »

Autre demande syndicale, « une meilleure répartition des bénéfices de l’entreprise en fonction des efforts de chacun, reprend Laurent Smolnik. Cela passe, par exemple, par un superbonus ». Entre 2013 et 2015, l’intéressement des salariés de Renault a doublé pour atteindre, en moyenne, 3 600 euros par salarié.

Les négociations entreront assez rapidement dans le vif du sujet. Dès le 4 octobre, la direction et les syndicats échangeront sur le thème de l’emploi et des compétences. A raison d’une réunion tous les quinze jours, la direction de Renault espère aboutir à un accord mi-décembre au plus tard.