Depuis la révolution de 2011, le pays des pharaons n’est pas parvenu à regagner la confiance des touristes. A la fin de l’été, les conséquences sont là : seuls 3,5 millions de personnes ont visité l’Egypte depuis janvier, contre près de 15 millions durant la même période avant le « printemps arabe ». Les récents attentats et accidents aériens ont fini de ruiner la vocation touristique du pays. Pour tenter de relancer ce secteur clé d’une économie aujourd’hui à l’agonie, le gouvernement égyptien a envoyé en renfort son ministre du tourisme en France pour faire passer ce message : « N’ayez plus peur de l’Egypte. »

Venus faire campagne pendant le Salon du tourisme du 20 au 23 septembre à Paris, Yehia Rashed et ses conseillers tentent de rassurer touristes et voyagistes. « Venez en Egypte, c’est le pays le plus sûr du monde », affirme le ministre. Avec un budget de 70 millions de dollars (63 millions d’euros) pour trois ans, le pays, déjà plombé par un endettement colossal, a lancé la campagne de la dernière chance pour promouvoir la destination.

« Nous sommes tous victimes du terrorisme »

L’instabilité politique, la menace terroriste dans le nord du Sinaï, les exactions contre des journalistes et les accidents aériens qui ont entaché le ciel du pays, auxquels s’ajoute le spectre de l’Etat islamique (EI), n’ont cessé de nourrir l’inquiétude. Le secteur touristique, qui pèse 11,4 % du PIB, a ainsi accusé une chute de 46,5 % au premier trimestre de l’année par rapport à la même période en 2015.

« Nous ne sommes pas les pères du terrorisme, se défend le ministre. Le monde entier est victime de la menace terroriste et elle n’est pas plus forte en Egypte ! » Rappelant les efforts déployés pour assurer la sécurité des étrangers, M. Rashed ajoute que « l’Egypte a fait son devoir dans la bataille internationale contre le terrorisme ».

Mais le ministère des affaires étrangères français ne partage pas cet avis. Le Sinaï et les zones désertiques de l’ouest sont toujours « formellement déconseillés » par le centre de crise et de soutien du ministère, tandis que les très touristiques Charm El-Cheikh et Hurghada restent « en vigilance renforcée ». « C’est une histoire de perception, veut croire M. Rashed. Nous sommes en discussions avec le ministère. Mais c’est la décision de la France et nous la respectons », nuance-t-il prudemment.

Les Français très convoités

Autrefois classée cinquième avec près de 600 000 touristes par an, la France est aujourd’hui « la huitième ou la neuvième nationalité la plus représentée », selon la conseillère économique de M. Rashed. Entre janvier et août, seuls 68 000 Français se sont rendus en Egypte. « Le touriste français consomme surtout le produit culturel, c’est très important pour nous », explique l’entourage du ministre. Autre avantage : sur place, les Français dépensent plus et séjournent plus longtemps que les autres nationalités.

Pour faire revenir la clientèle de l’Hexagone, le ministère veut relancer le trafic aérien, déserté par les compagnies low-cost. Faute d’une offre variée, les vols depuis la France sont parmi les plus coûteux. « Nous sommes en discussion avec Transavia pour un possible retour en Egypte », annonce la conseillère du ministre, qui a par ailleurs promis de stopper l’augmentation des taxes aéroportuaires, voire de les supprimer provisoirement.

Les compagnies russes, quant à elles, ne sont pas revenues depuis le crash revendiqué par l’EI le 31 octobre 2015 au-dessus du mont Sinaï, tuant 224 touristes, en grande majorité russes. Un énième coup dur pour l’Egypte, alors que la Russie représentait la plus grande part des visiteurs. Depuis, le gouvernement mise sur les marchés asiatique et allemand, avec toujours ce même message : « Allez voir par vous-même, vous constaterez qu’on se sent en parfaite sécurité », martèle le ministre égyptien.