LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, deux portraits et une enquête valent le détour pour découvrir d’autres facettes du cinéaste prodige Xavier Dolan, les blessures cachées de l’humoriste Muriel Robin et ces « jobs en or » de la République, une tradition aux relents très monarchiques.

Muriel Robin, désarmante de sincérité

UN JOUR UN DESTIN : Muriel Robin, en quête de sens : extrait documentaire
Durée : 01:00

En 1977, Muriel Robin décrochait la première place au concours d’entrée du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Durant ses trois années d’études, l’un de ses professeurs, Michel Bouquet, l’a trouvée « remarquable de vérité ». Pourtant, Muriel Robin ne fera jamais partie ni de la nomenklatura du théâtre ni de celle du cinéma. Et elle restera pendant toute sa carrière mal considérée par le milieu culturel parisien.

Sur les deux longues heures de portrait très psychologisant que consacre France 2 à l’une des humoristes françaises les plus populaires, le chapitre consacré à « l’élève à part » qu’était Muriel Robin apparaît le plus révélateur du parcours de cette femme blessée. Il est à la fois touchant de voir Muriel Robin l’étudiante interpréter avec brio un extrait du Malade imaginaire, de Molière, ou du Requiem pour une nonne, de William Faulkner, et déconcertant d’entendre l’acteur et metteur en scène Christian Benedetti raconter : « Elle jouait comme Jacqueline Maillan. Pour nous, c’était la représentante du théâtre de boulevard ; à la limite, on se demandait ce qu’elle faisait là. »

« Tiens bon », lui avait dit Michel Bouquet. La petite Stéphanoise qui ne voulait pas vendre des chaussures comme ses parents et qui avait pour idole Liza Minnelli a fini par vaincre ses nombreux tourments – « pas de bisous, pas de cadeaux, mes kilos, pas d’enfants, dépressions, burn-out, tabac, alcool » –, et a livré, en 2013, le plus personnel et le plus réussi de ses spectacles. Sandrine Blanchard

« Un jour, un destin : Muriel Robin, en quête de sens », disponible sur pluzz.francetv.fr jusqu’au dimanche 25 septembre.

Xavier Dolan, hors cadre

JUSTE LA FIN DU MONDE Bande Annonce (Xavier Dolan - 2016)
Durée : 03:31

« Xavier Dolan : à l’impossible je suis tenu » (2016), de Benoît Puichaud, est le premier documentaire consacré au ­jeune cinéaste canadien de 27 ans, qui défraya la chronique, en 2008, avec un premier film coup de poing, J’ai tué ma mère. Ce portrait casse l’image léchée et artificieuse qu’on pourrait avoir de Dolan – et que lui-même entretient – grâce au témoignage de ses acteurs fétiches et aux propos mêmes du cinéaste, intelligents et sensibles, qui témoignent en fait d’un recul lucide sur les cinq premiers films qui ont fait son succès (le sixième, Juste la fin du monde, vient de sortir en salles). L’éclairage sur l’œuvre de cet auteur doué, inventif et polyvalent est passionnant. Renaud Machart

« Xavier Dolan : à l’impossible je suis tenu », de Benoît Puichaud (France, 2016, 52 minutes). Canal+ à la demande.

Pistonnés par le fait du prince

En France, préfets, inspecteurs généraux, conseillers d’Etat, inspecteurs des finances sont dans leur majorité dévoués et compétents. Cependant, la République n’a pas fait son deuil d’une tradition monarchique : offrir à des personnes peu ou pas compétentes des postes à vie dans la haute fonction publique. Un moyen de remercier pour services rendus, de s’assurer de la loyauté ou du silence d’un opposant, d’offrir un avenir confortable à un proche.

La Cour des comptes a beau publier des rapports mettant en cause certaines nominations, l’habitude perdure. Tant à gauche qu’à droite, comme le rappelle Stéphane Girard dans l’enquête qu’il a menée pour le magazine « Pièces à conviction ».

Dans certaines administrations, la présence de ces pistonnés pose problème, ainsi que le souligne une ancienne stagiaire au Conseil d’Etat : « Il y a clairement une disparité entre les magistrats de métier et ceux qui sont nommés au tour extérieur [c’est-à-dire par le gouvernement]. » Du reste, l’institution championne en matière de « jobs en or » est justement le prestigieux Conseil d’Etat, où siègent des magistrats réputés. Un tiers des conseillers y est nommé au tour extérieur. Seule condition : être âgé d’au moins 45 ans. Alain Constant

« Les Jobs en or de la République », de Stéphane Girard (France, 2016, 52 minutes). A revoir sur Pluzz jusqu’au mardi 27 septembre.