Le chef du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a été reconduit à son poste le 24 septembre. | NIKLAS HALLE'N / AFP

Jeremy Corbyn a été réélu, samedi 24 septembre, à la tête du Parti travailliste britannique, grâce à l’appui des militants et malgré la très vive contestation qu’il suscite chez les élus et cadres de sa formation. Il a recueilli 61,8 % des voix.

Le vote a été clos mercredi, mais les résultats n’ont été annoncés que ce samedi, à l’occasion du congrès du Labour, qui se tient à Liverpool, dans le nord-ouest de la Grande-Bretagne.

Un an après son arrivée sensationnelle aux manettes du principal parti d’opposition britannique, M. Corbyn, 67 ans, était largement favori face à son seul concurrent, Owen Smith, un député gallois de 46 ans quasiment inconnu. Si Jeremy Corbyn a dû se soumettre si tôt à un nouveau vote, c’est parce que 172 des 230 députés travaillistes ont approuvé à la fin de juin une motion de défiance, lui reprochant son manque d’empressement à militer contre un Brexit. De manière plus générale, la plupart des cadres du Labour estiment que son profil, très marqué à gauche, risque d’engendrer, lors des prochaines législatives de 2020, un désastre électoral.

L’espoir du retour d’une « vraie gauche »

Par ailleurs, M. Corbyn, avec l’aide discrète de l’organisation parallèle créée par ses amis, Momentum (« élan »), veut modifier la structure et le fonctionnement du Labour pour le transformer en un mouvement social à la Podemos. Un changement qui marginaliserait les parlementaires.

Mais pour une majorité des 550 000 membres du Labour, M. Corbyn porte un espoir : celui du retour d’une « vraie gauche » qui solderait définitivement l’héritage centriste de Tony Blair.

Alors que les médias britanniques présentent couramment l’irrésistible ascension de Jeremy Corbyn comme le fruit d’une conspiration d’extrême gauche, une étude menée par l’institut YouGov sur plus de 2 000 nouveaux adhérents tempère cette analyse : âgés en moyenne de 51 ans, et appartenant à 78 % aux classes moyennes, ce sont souvent des travaillistes déçus qui retournent à leurs anciennes amours politiques.

Ils estiment que les coupes budgétaires sont allées trop loin et sont très ouverts en matière sociétale. Massivement fans de M. Corbyn et même prêts à déboulonner les députés qui le défient, les nouveaux adhérents estiment massivement – 90 % – que le nouveau leader les « respecte », contre 74 % pour l’ancienne direction.