Le premier ministre espagnol par intérim Mariano Rajoy (en bas à droite) au Parlement à Madrid le 2 septembre. | PEDRO ARMESTRE / AFP

Les élections régionales qui se tiennent ce dimanche 25 septembre en Galice et au Pays basque permettront-elles de débloquer la situation à Madrid, sans gouvernement depuis neuf mois, faute de majorité parlementaire claire ?

Les Espagnols, lassés par le blocage politique et l’incapacité des principaux partis à sceller des alliances effectives, voudraient y croire. Mais il n’est pas sûr que ces élections permettent les « pactes croisés » qui ont souvent, dans le passé, permis d’assurer la stabilité du pays.

Assuré de remporter le scrutin au Pays basque, le Parti nationaliste basque (PNV, modéré) devrait avoir besoin d’alliés au parlement régional pour compléter sa majorité. Le Parti socialiste d’Euskadi (PSE, gauche) est son partenaire traditionnel. Mais la chute annoncée de la formation, qui devrait être très largement devancée par Podemos (gauche radicale) et EH Bildu (extrême-gauche) à en croire les derniers sondages, pourrait l’obliger à chercher un autre soutien afin d’assurer la stabilité parlementaire et pouvoir, par exemple, approuver le budget.

Or le ralliement du Parti populaire (PP, droite) pourrait être monnayé en échange d’un appui du PNV à une nouvelle tentative d’investiture du chef du gouvernement conservateur par intérim, Mariano Rajoy, à Madrid. Cependant le refus du parti centriste libéral Ciudadanos de s’allier avec les nationalistes de tous bords, s’il est maintenu, rendrait stérile ce possible accord.

Quant aux élections en Galice, elles devraient confirmer la mainmise du PP sur la région, qu’il gouverne avec la majorité absolue, et la chute des socialistes, qui là encore devraient être devancés par Podemos et leur allié local, le mouvement citoyen En Marea.

Le recul prononcé des socialistes

C’est finalement ce recul socialiste prononcé qui, s’il se vérifie dans les urnes, pourrait provoquer le déblocage de la situation politique à Madrid. Si le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) se sent menacé par Podemos en cas de troisièmes élections, il est probable qu’une solution soit cherchée pour les éviter. Le parlement a jusqu’au 30 octobre pour trouver un candidat à l’investiture qui réunisse la majorité des voix au parlement, ou, au moins, plus de voix « pour » que de voix « contre ».

Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, fermement opposé à permettre un gouvernement de Mariano Rajoy, est de plus en plus isolé au sein de la direction de sa formation. Mais il semble décider à tenter une nouvelle fois de former un exécutif, malgré son échec de rassembler Podemos et Ciudadanos derrière sa candidature le 4 mars dernier.

Il a décidé de convoquer un Comité fédéral le 1er octobre et, selon des sources au sein de la direction du PSOE, il devrait transmettre son intention de proposer un gouvernement alternatif à celui de M. Rajoy. Il n’a pas précisé s’il tentera de rassembler de nouveau le parti de gauche radicale et la formation centriste libéral, ou s’il cherchera à s’associer avec les indépendantistes catalans et nationalistes basques et Podemos.

Déjà, au sein du PSOE, la perspective d’un tel accord suscite une rébellion interne. Le comité fédéral du parti soutiendra-t-il cette aventure ? Les barons régionaux qui s’opposent à une alliance avec Podemos exigeront-ils la tête de Pedro Sanchez ? Ou forceront-ils une abstention qui permette à Mariano Rajoy de gouverner ?

S’ils sont aussi mauvais pour les socialistes que ce qu’annoncent les sondages, les résultats de dimanche en Galice et au Pays basque pourraient donner des arguments à ceux qui exigent un changement de cap du PSOE.