En ce début de semaine, les yeux seront rivés sur le site Alstom de Belfort, menacé de quasi-fermeture. Plein d’espoirs et d’attentes, les personnels du groupe industriel vont entendre les explications de leur PDG, Henri Poupart-Lafarge, en comité d’entreprise, et devraient prendre connaissance des annonces du gouvernement. Pour défendre leur avenir, ils sont par ailleurs appelés à manifester, mardi.

Un marathon social s’ouvre, lundi après-midi, avec un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire consacré à l’usine de Belfort, berceau historique du constructeur ferroviaire où 400 emplois sur 480 sont menacés.

Le PDG devrait « exposer la stratégie d’Alstom » devant les représentants du personnel. Ces derniers attendent des solutions pérennes pour le site industriel, qui est en activité depuis 1879, décrypte Daniel Dreger de la CGT.

« Est-ce qu’ils vont nous présenter un plan de compétitivité, un plan avec un saupoudrage de charges sur les douzes sites français [du groupe] ? », s’interroge-t-il auprès de l’AFP, ajoutant que « M. Poupart ne peut attendre la fin de la semaine sans rien nous dire ».

Les promesses électorales du gouvernement

A sept mois de l’élection présidentielle, l’avenir du site belfortain est devenu un enjeu politique. Le président de la république, François Hollande, a fait de son maintien un « objectif ». Le chef de l’Etat est soucieux d’éviter une déflagration similaire à la fermeture des hauts-fourneaux de Florange (Moselle), en début de quinquennat.

Après avoir dénoncé l’annonce « brutale » d’Alstom, le gouvernement a promis des « réponses » d’ici à « la fin du mois » pour sauver l’usine, d’où est sorti le premier TGV en 1971 et dont dépendent près de 900 emplois indirects.

L’Etat, qui détient 20 % du capital d’Alstom, a « le devoir de sauver » l’entreprise et Belfort, a prévenu, dimanche, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, craignant un « effet cascade » sur l’ensemble de la filière ferroviaire.

Des tractations sont menées dans le secret entre l’Etat et les différentes entreprises pouvant apporter des commandes supplémentaires au groupe. En coulisses, le gouvernement a ainsi mis la pression sur la SNCF, priée de conclure au plus vite une négociation avec Alstom pour l’achat de six TGV destinés à la ligne Paris-Turin-Milan.

« Des perspectives, il y en a : le Grand Paris, le TGV du futur, le développement du fret et du ferroutage, plutôt que de mettre des bus sur la route comme l’a fait [l’ancien ministre de l’économie Emmanuel] Macron », a avancé Pascal Novelin, délégué CGT d’Alstom Transport, samedi, lors d’une manifestation à Belfort.

Le secrétaire d’Etat à l’industrie, Christophe Sirugue, devrait recevoir les syndicats dans la semaine pour faire un point. M. Sirugue « nous avait dit Vous me jugerez sur les actes et non sur les paroles. Donc on ira voir et entendre », lâche Thierry Muller, représentant CFDT.

Un convoi de manifestants attendu

Mardi, les « Alsthommes » se feront entendre. Ils sont appelés à la grève et à se rassembler dès 11 heures devant le siège du groupe à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où se tiendra un CCE ordinaire.

L’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) a symboliquement affrété un TGV pour l’occasion afin de convoyer les salariés de Belfort et d’Ornans (Doubs). Entre « 1 000 et 1 500 personnes » sont attendues, d’après l’un des organisateurs. Le même jour, le PDG, M. Poupart-Lafarge, sera auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.

La direction du groupe refuse jusqu’à présent d’évoquer un plan social, assurant qu’une « proposition de transfert » vers une autre usine Alstom sera formulée pour chacun des 400 salariés concernés.