Dans un quartier rebelle d’Alep, en Syrie, le 25 septembre. | AMEER ALHALBI / AFP

Le Kremlin a fustigé lundi 26 septembre le « ton et la rhétorique inadmissibles » des ambassadeurs américain et britannique au lendemain des accusations de « barbarie » et de crimes de guerre qu’ils ont lancées à l’ONU contre l’armée russe en Syrie. Ces déclarations sont « de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement » du conflit, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, alors que l’aviation russe mène d’intenses bombardements à Alep depuis l’échec de la trêve.

M. Peskov, qui a jugé la situation en Syrie « extraordinairement compliquée », a de nouveau accusé les rebelles d’avoir utilisé la trêve dans les combats pour « se regrouper et renouveler leur arsenal » avant de nouvelles offensives. Il a regretté qu’il n’y ait « toujours pas eu de séparation entre la soi-disant opposition modérée et les terroristes » à Alep.

Les pays occidentaux ont nettement durci le ton ce week-end face au régime de Damas et surtout face à la Russie, accusée directement d’organiser l’offensive sur Alep, ville-clé du conflit syrien où s’affrontent âprement les forces de Damas et les rebelles. Pour la quatrième nuit consécutive, des bombes sont en effet tombées sur la partie est de la ville, contrôlée par les rebelles depuis 2012.

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadrice américaine Samantha Power a affirmé dimanche que « ce que la Russie soutient et fait [à Alep], ce n’est pas de la lutte antiterrorisme, c’est de la barbarie ». « Des crimes de guerre sont commis » à Alep, a affirmé l’ambassadeur français François Delattre, accusant Damas et Moscou, alors que l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a évoqué une saisine de la Cour pénale internationale, compétente pour ces crimes.

Ces accusations ont surgi en raison de l’utilisation présumée d’armes sophistiquées, normalement destinées à viser des cibles militaires, contre des zones densément peuplées, comme des bombes antibunker, incendiaires et à fragmentation.

Les pénuries s’aggravent

Totalement assiégés, les 250 000 habitants des quartiers rebelles d’Alep ne reçoivent plus d’aide de l’extérieur depuis pratiquement deux mois et sont privés depuis samedi d’eau à cause des bombardements, selon l’Unicef. Les hôpitaux encore en état de fonctionner « font face à une très forte pression en raison du nombre élevé de blessés et du manque de sang disponible lié en partie à l’absence de chirurgiens spécialisés dans les transfusions », a assuré lundi une source médicale à l’Agence France-Presse.

Dans la rue, le coût des produits grimpe de jour en jour et certains produits de base, comme le sucre, ne sont plus disponibles. Les associations caritatives ont en outre arrêté depuis vendredi les distributions de repas de peur des bombardements. Près de 600 000 personnes vivent assiégées à travers le pays, selon l’ONU.