Arnaud Montebourg, candidat à la présidentielle, lors de « L’Emission politique » de France 2, le 22 septembre. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

« Je suis arabo-morvandiau ! » Invité lundi 26 septembre sur BFM-TV et RMC, Arnaud Montebourg a rendu hommage à son grand-père maternel, originaire d’une famille berbère d’Algérie, afin d’illustrer sa conception de l’identité française. « C’était un Arabe, j’en suis très fier, il m’a beaucoup transmis », a confié l’ex-ministre, rappelant qu’« un tiers des Français ont un grand-père étranger ».

Pour M. Montebourg, le débat sur l’identité française « est une machine à faire diversion sur les vrais sujets économiques et sociaux ». Interrogé sur le terme de « Gaulois » utilisé par Nicolas Sarkozy pour définir les Français, l’ex-élu socialiste a estimé que « la France n’est pas un pays qui se définit ethniquement, c’est un contrat politique entre ses membres ». Une formulation qui n’est pas sans rappeler celle de François Hollande, pour qui la France se définit non par « une identité » mais par « une idée ».

Ce n’est pas la première fois que M. Montebourg met en avant son ascendance algérienne. Lorsqu’il était ministre, le natif de Clamecy, un bourg de la Nièvre situé aux portes du Morvan, rappelait régulièrement le parcours de son grand-père, originaire de Hachem, un village à l’est d’Oran, qui combattit pour la France lors de la seconde guerre mondiale, avant de rejoindre le FLN au moment de la guerre d’Algérie.

Mobiliser les musulmans français

Preuve de l’importance de cette filiation, Arnaud Montebourg s’était évertué, lors de ses deux années passées à Bercy, à développer les relations commerciales avec le Maghreb. A plusieurs reprises, il s’était rendu en Algérie ou au Maroc, afin d’y promouvoir une « alliance industrielle » ou un « pacte de coproduction ». En privé, M. Montebourg expliquait que la Méditerranée devait être à l’Hexagone ce que les pays de l’Est sont à l’Allemagne, un « hinterland » où fabriquer à bas coût les produits trop chers à réaliser en France.

En novembre 2012, le ministre s’était même rendu à Tripoli, en proie aux troubles, afin de convaincre le président libyen, Mohamed El-Megaryef, de sauver la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime), en dépôt de bilan. « Nous pouvons raffiner ensemble, mais aussi pourquoi pas, extraire ensemble, distribuer ensemble », s’était enthousiasmé M. Montebourg, proposant en échange d’aider les Libyens à implanter en France leur réseau de stations-service Tamoil. Las, l’affaire avait tourné court.

Selon son entourage, cette proximité familiale avec le Maghreb, une originalité parmi les candidats à la présidentielle, sera mise en avant durant la campagne. Objectif : s’attirer le vote des banlieues. « Nous nous adressons aux 65 % des musulmans français totalement sécularisés et qui sont maltraités par la droite, explique un proche. Le défi est de réussir à les mobiliser. » Un déplacement en Algérie serait notamment en préparation.

En 2007, alors porte-parole de Ségolène Royal pour la campagne à l’élection présidentielle, M. Montebourg avait déjà tenté le même pari, poussant la candidate à mettre en avant le Maghreb dans son programme. Avec un certain succès : les Français musulmans avaient voté à 58 % pour Mme Royal, selon l’IFOP. Un score bien supérieur à celui qu’elle avait obtenu dans le reste de la population.