Lors de la première du film « Nola Circus » le 12 septembre à Paris, avec de gauche à droite, le basketteur Nicolas Batum, le footballeur Michael Ciani, Luc Annest, la comédienne Jessica Morali, le footballeur Louis Saha et l’acteur Lucien Jean-Baptiste. | Wyters Alban/ Abaca

Dans le hall de l’hôtel parisien où ils rencontrent la presse, tous les membres de l’équipe du film Nola Circus arborent un tee-shirt orné de douze petites silhouettes. Et sous chacune d’elles le prénom d’un sportif français de haut niveau : Boris (Diaw), Luc (Abalo), Bacary (Sagna)… L’objet marketing joue d’emblée sur l’originalité du projet. Basketteurs, footballeurs, handballeur ou rugbyman se sont lancés dans une expérience inédite en France. Ils ont créé la société The Illicit Producers pour produire le film.

Le scénario de Nola Circus est signé Luc Annest, qui réalise ici son premier long-métrage (en salles le 28 septembre). Sont mis en scène les habitants d’un quartier de La Nouvelle-Orléans secoués par l’idylle entre le patron noir d’un barbershop et une jeune femme blanche rêvant de gloire à Broadway.

« Ce scénario n’est pas fait pour rassurer. Or tout le système de production est fondé sur une mécanique visant justement à rassurer tout le monde. » Luc Annest, réalisateur

Tournage et casting américains, ton déjanté et réalisateur inconnu, le script a peiné à séduire les producteurs classiques. « Ce scénario n’est pas fait pour rassurer. Or tout le système de production est fondé sur une mécanique visant justement à rassurer tout le monde », commente Luc Annest.

Le chemin du réalisateur croise alors, « un petit peu par hasard », celui des sportifs. Son bureau parisien jouxte celui d’un ami, gestionnaire de patrimoine pour des joueurs de NBA. L’ancien basketteur Makhtar N’Diaye, devenu agent, s’y rend un jour pour son rendez-vous annuel. Son gestionnaire étant en retard, il tombe en l’attendant sur le scénario de Nola Circus, échoué sur le bureau. « ça l’a beaucoup fait rire. Il est venu me voir pour savoir s’il pouvait mettre un peu d’argent dans mon film. Quinze jours plus tard, je me retrouvais au Madison Square Garden, à New York, où il me présentait Boris Diaw », se souvient Luc Annest.

Le bouche-à-oreille fonctionne. Il est rejoint par un autre producteur, Arnaud Bettan, qui travaille alors pour l’agence de communication Havas Sports & Entertainment. D’autres sportifs adhèrent alors au projet. Une partie d’entre eux reversera 5 % des recettes du film aux associations caritatives dont ils sont les parrains, une idée à laquelle tenait Luc Annest. C’est l’un des aspects qui, outre la personnalité du réalisateur, a convaincu Louis Saha, footballeur international à la retraite. « Dès notre premier rendez-vous, je suis tombé sous le charme de son énergie et de son écriture. J’ai lu le script en deux jours. Je me suis dit : “Il est taré, mais ça me plaît.” »

1,5 million d’euros de budget

Les risques restaient tout de même mesurés. Le budget du film, intégralement financé par le collectif de sportifs, ne s’élevait qu’à 1,5 million d’euros. Le ticket d’entrée étant fixé à 100 000 euros, chacun a pu investir comme il désirait. La répartition s’est faite « de manière artisanale », confie Luc Annest. Ces producteurs ont été invités à donner leur avis sur le montage, le casting des voix ou encore la création des affiches. « Luc nous tenait au courant de tout, mais avait le dernier mot. Tout l’intérêt pour lui avec ce mode de production était qu’il n’aurait pas les producteurs toute la journée sur le dos », souligne Boris Diaw, basketteur évoluant en NBA.

L’intérêt reposait aussi dans l’association de grands noms du sport français à ce film indépendant, exempt de têtes d’affiche. Les producteurs d’un nouveau genre sont devenus la pierre angulaire de la promotion. Le réalisateur les a ainsi mis en scène dans des courts-métrages humoristiques, diffusés sur Internet et sur des chaînes sportives avant même le début du tournage. Une manière de « faire le buzz », précise Louis Saha, tout en posant un premier pied dans le monde du cinéma, dans lequel certains rêvent déjà de se reconvertir. Boris Diaw a réalisé cette année son premier court-métrage aux Etats-Unis, produit, par un juste retour des choses, par Luc Annest et Arnaud Bettan.

De chaque côté, on entend bien pérenniser cette collaboration, assure Luc Annest, qui pense déjà au même mode de production pour son prochain film. « Il y a des passerelles entre le cinéma, l’“entertainment” et le sport. Ce sont des milieux qui aiment se côtoyer. Il y a des frontières à casser, même si c’est encore compliqué. »

Bande-annonce

NOLA CIRCUS Teaser Trailer #1
Durée : 01:39

Par Solenn Sugier