Le ministre du pétrole iranien, Bijan Zanganeh, au Forum international de l’énergie, à Alger, le 27 septembre. | RYAD KRAMDI / AFP

Il n’y aura pas d’accord entre les pays producteurs de pétrole réunis à Alger, mercredi 28 septembre, pour examiner un plafonnement de la production, susceptible de faire remonter le prix du baril au dessus de 50 dollars. Et comme à Doha (Qatar) le 17 avril, la désillusion est venue de Téhéran. Du moins pour ceux qui croyaient un tel accord possible. Dès son arrivée à Alger, mardi, le ministre iranien du pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a déclaré qu’« atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda ».

Peu après, le marché du pétrole ouvrait en forte baisse sur le New York Mercantile Exchange, le baril perdant 1,22 dollar, à 44,71 dollars sur le contrat pour livraison en novembre. Quelques heures plus tôt, le baril de Brent de la mer du Nord avait baissé de 1,39 % (à 46,69 dollars) à l’ouverture des cotations sur l’Intercontinental Exchange de Londres.

« Besoin de temps »

Depuis le début de l’année, le même scénario se répète : l’Arabie saoudite, qui pompe de l’or noir à des niveaux record (près de 11 millions de barils par jour), se dit prête à geler sa production à condition que la République islamique en fasse autant. Celle-ci répond qu’elle ne le fera pas avant d’avoir retrouvé son niveau d’avant les sanctions occidentales sur son programme nucléaire (levées en 2015), de 4 millions de barils. Elle n’en produit encore que 3,6 à 3,8 millions selon les sources. A terme, l’Iran veut même retrouver sa production d’avant la Révolution islamique de 1979, de 6 millions de barils .

« Nous avons besoin de temps pour de plus amples consultations », a ajouté M. Zanganeh, tout en ajoutant qu’un consensus pourrait peut-être émerger lors de la réunion ordinaire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) prévue le 30 novembre à Vienne. Les deux pays sont d’autant moins enclins à se faire des concessions qu’ils s’opposent plus ou moins frontalement dans toutes les zones de tension ou de guerre du Moyen-Orient (Syrie, Irak, Yémen et Liban).

Le ministre saoudien du pétrole a immédiatement répliqué. « Un seul pays ne peut pas influer sur le marché », a déclaré Khaled al-Faleh. Il a affirmé que son pays n’avait pas besoin d’un accord (même s’il affichera en 2016 un déficit budgétaire pour la deuxième année consécutive). Il reste en effet « optimiste sur la base des fondamentaux du marché qui prennent la bonne direction ».

Mais l’OPEP et l’Agence internationale de l’énergie, qui représente les riches pays consommateurs de l’OCDE, n’attendent pas un rééquilibrage offre-demande avant 2017, alors que la surproduction, notamment due aux huiles de schiste américaines, a fait chuter les prix de 114 dollars mi-2014 à moins de 50 dollars aujourd’hui.

« Optimisme » affiché

Pour sauver cette réunion tenue à l’issue du Forum international de l’énergie, le gouvernement algérien a indiqué qu’« au minimum, la réunion informelle préparera les premiers éléments d’un accord » à Vienne. La Russie, deuxième exportateur mondial derrière l’Arabie saoudite, est présente à Alger mais n’annoncera sa position qu’après la rencontre des quatorze membres de l’OPEP.

Les ministres de plusieurs pays de l’Organisation (Algérie, Irak, Venezuela, Arabie saoudite...) affichent depuis plusieurs jours leur « optimisme » sur une issue favorable, à terme, des discusssions, tous se disant d’accord sur l’excès de pétrole sur le marché. Sans doute une manière d’éviter que les cours ne plongent.