Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, le 11 juin 2015 à Tel-Aviv. | DANIEL BAR ON / AFP

Il s’en souvient bien, c’était un dimanche. Le 7 juin 2015, Stéphane Richard, le patron d’Orange, reçoit un appel sur son portable. C’est François Hollande. « Il m’a dit : j’ai eu Benyamin Nétanyahou, il faut que tu ailles en Israël, ça se passera bien. » Cinq jours plus tard, le 12 juin, Stéphane Richard subit l’épreuve de la contrition publique avec le premier ministre israélien, organisée par l’Elysée. « Ce n’est pas un secret, dit alors M. Nétanyahou devant la presse, vos remarques de la semaine dernière ont été largement perçues comme une attaque contre Israël. »

Le 3 juin de cette année-là, au Caire, le patron d’Orange avait déclaré que si sa société avait la possibilité de rompre avec l’opérateur israélien Partner Communications sans s’exposer à des pénalités, elle le ferait dès « demain » et se retirerait du pays. En vertu d’un contrat de licence, Orange permettait à cette société d’utiliser sa marque. Scandale en Israël, où ces paroles avaient été interprétées comme une volonté de boycottage de l’Etat hébreu.

« Erreur de communication »

Attablé, mardi 27 septembre à Jaffa, au sud de Tel-Aviv, avec quelques journalistes français et israéliens, le patron d’Orange est revenu sur ce qu’il appelle une « erreur de communication », dont il s’estime « responsable à 100 % ».

« Je n’aurais pas dû en parler au Caire, dit-il. C’était le mauvais endroit. Et dans les mots choisis, j’aurais pu être plus précis dans la description de la situation et ne pas laisser le champ libre aux malentendus. »

Reconnaissant qu’il avait « totalement sous-estimé » la sensibilité de la question du boycottage contre Israël, objet d’une campagne dans de nombreux pays en réponse à la poursuite de l’occupation en Cisjordanie, Stéphane Richard dit avoir été « affecté » par cette « très mauvaise expérience ». D’autant qu’il juge « totalement erronnée » l’idée d’un boycott, qui « produit de l’exclusion »

En outre, comme s’il voulait inutilement répondre à des soupçons inexistants d’antisémitisme, le patron d’Orange a évoqué sa visite, la veille, sur le mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, où un arbre a été planté à la mémoire de l’un de ses lointains cousins, pasteur protestant.

Issue favorable

Stéphane Richard a participé à l’édition 2016 du festival DLD de l’innovation, un rendez-vous clé du secteur en Israël. Orange est toujours à l’affut de nouveaux investissements, notamment dans la cybersécurité, où les ingénieurs locaux brillent. Orange Digital Ventures vient ainsi de prendre une participation dans une start-up locale nommée Secbi. Le patron de l’opérateur français souligne aussi l’issue favorable de la polémique avec Partner, conclu par une séparation négociée début 2016.

« Il y avait un problème en suspens depuis vingt ans en Israël, qu’aucun de mes prédécesseurs n’avait eu le courage d’affronter », souligne-t-il. L’accord avec Partner avait été conclu avant le rachat d’Orange par France Télécom. « Dorénavant, les choses sont claires. Le contrat signé à partir de cette année avec Partner lui permet de proposer ses services sous une nouvelle marque, dit M. Richard. On a dû s’engager, et c’est normal, à ne pas figurer pendant dix-huit mois sous notre propre marque, Orange. »