L'entrée de l'usine Alstom de Belfort | Jean-Pierre Amet/­Divergence

Entre le gouvernement et Alstom, les discussions sont âpres au sujet de l’avenir de l’activité ferroviaire sur le site de Belfort. A quelques jours des annonces du gouvernement, attendues désormais au plus tôt lundi 3 octobre, ou mardi 4 octobre, le plan alternatif à l’arrêt de la production sur le site à partir de 2018 ne semble toujours pas arrêté. Et les positions restent très éloignées entre Bercy et Saint-Ouen, le siège d’Alstom.

Les discussions qui se tiennent entre les équipes du constructeur et les équipes de Bercy sont suivies de très près par l’Elysée. Mardi 27 septembre, quelques heures après son audition à l’Assemblée nationale, Henri Poupart-Lafarge, le PDG d’Alstom, s’est rendu au palais de l’Elysée pour un point d’étape sur la situation.

Selon nos informations, confirmées par l’Elysée, étaient présents à la réunion, Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de la présidence de la République, Boris Vallaud, son secrétaire général adjoint et fin connaisseur du dossier Alstom, et… Martin Bouygues, dont le groupe a prêté 20 % du capital d’Alstom à l’Etat jusqu’à novembre 2017. L’implication du grand patron démontre la tournure hautement politique et stratégique que prend ce dossier.

Bras de fer

Sur le fond, les solutions aujourd’hui apportées par l’Etat pour conforter Alstom en France ne semblent pas encore suffire à Henri Poupart-Lafarge. Ce dernier, qui avait prévu de lancer à partir du 4 octobre une période de huit mois de négociations avec ses organisations syndicales au sujet du transfert de la production de motrices TGV de Belfort à Reichshoffen, n’a pas encore évolué dans sa réflexion.

Le plan préparé par Bercy, qui prévoit un mélange de « commandes, d’une diversification du site et d’un investissement autour d’une nouvelle activité » n’est pas encore de nature à pérenniser durablement l’activité sur le site de Belfort au-delà de 2018-2019, juge un observateur.

Mardi, devant les députés, Henri Poupart-Lafarge avait prévenu : « Je ne sais pas quelle sera la nature des annonces, mais j’aurais une analyse froide de ce qui est proposé. » Pour l’instant, Alstom souhaiterait se donner une période de six mois pour imaginer l’avenir du site.

Au gouvernement, au contraire, il faut obtenir un engagement d’Alstom à ne pas fermer l’usine dès lundi 3 octobre pour que la promesse de François Hollande soit respectée. Bref, c’est un bras de fer. Mais que cela se tende n’émeut pas au sein du gouvernement. « Franchement, le contraire aurait été étonnant », confie une source.