Le gouvernement soudanais est accusé d’avoir utilisé des armes chimiques au Darfour, depuis janvier.  | STRINGER / AFP

Le gouvernement soudanais est-il à l’origine d’une trentaine d’attaques chimiques au Darfour, depuis janvier ? C’est ce qu’affirme Amnesty International dans un rapport rendu jeudi 29 septembre.

Ces attaques, situées dans la région de Jebel Marra, dont la plus récente date du 9 septembre, ont fait entre 200 et 250 morts, selon l’organisation de défense des droits de l’homme.

« Le recours aux armes chimiques est un crime de guerre. Les éléments que nous avons recueillis sont crédibles et trahissent un régime déterminé à diriger ses attaques contre la population civile du Darfour sans aucune crainte de sanction de la part de la communauté internationale », a fait savoir Tirana Hassan, directrice du programme de recherche sur les crises à Amnesty International.

Ces attaques s’inscrivent dans le contexte d’une offensive militaire lancée en janvier contre l’Armée de libération du Soudan, un groupe rebelle situé dans cette vaste région occidentale soudanaise.

Un rapport « totalement infondé »

Dans un communiqué, le représentant du Soudan aux Nations unies, Omar Dahab Fadl Mohamed, a qualité ce rapport de « totalement infondé ».

« L’objectif ultime d’une telle accusation est de semer la confusion dans les processus en cours visant à renforcer la paix, la stabilité, le développement économique et la cohésion sociale au Soudan. »

L’ONG a toutefois précisé avoir présenté les informations et témoignages de victimes à deux spécialistes indépendants des armes chimiques. « Tous deux ont conclu que ces éléments de preuve semblent indiquer une exposition à des vésicants, tels que les agents chimiques de guerre que sont le gaz moutarde, la léwisite ou la moutarde azotée », affirme Amnesty International dans un communiqué. Le Soudan avait pourtant signé en 1999 la convention sur les armes chimiques, dont les membres s’engagent à ne pas recourir à des armes chimiques.

Face à l’instabilité de la région et les guerres successives, une force conjointe des Nations unies et de l’Union africaine, la Minuad, est déployée au Darfour depuis 2007. Mais la sécurité reste fragile dans la région, où les tribus majoritairement non arabes luttent contre le gouvernement soudanais, qui peine à contrôler les zones rurales.