Le ministre français des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault s’en est pris, mercredi 28 septembre, au président de la RDC Joseph Kabila. | KENA BETANCUR / AFP

Jean-Marc Ayrault tire la sonnette d’alarme concernant la situation en République démocratique du Congo (RDC). Le ministre des affaires étrangères a déclaré, mercredi 28 septembre, devant des étudiants de Sciences Po à Paris, que le pays était « au bord de la guerre civile (…) parce qu’il y a un président qui est en place et qui veut garder sa place alors qu’il n’a plus le droit de se représenter ».

Dans le viseur de M. Ayrault : Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat expire le 19 décembre. Alors que la Constitution lui interdit de se représenter, le président congolais ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste. Une élection présidentielle était théoriquement prévue le 27 novembre, mais elle sera vraisemblablement reportée de plusieurs mois au moins.

En mai, le président congolais avait même obtenu de la Cour constitutionnelle, saisie par des députés de la majorité présidentielle, de se maintenir au pouvoir tant qu’un nouveau président n’a pas été élu.

Alors que la crise politique se poursuit, Kinshasa, la capitale congolaise, a été secouée les 19 et 20 septembre par des violences entre forces de sécurité et membres de l’opposition qui exigent le départ de M. Kabila. Les manifestations, qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, devaient signifier symboliquement le début du « préavis » des trois mois qui précèdent la fin officielle du mandat du président Kabila. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies a annoncé, mardi, que ces affrontements avaient fait au moins 53 morts – 49 civils et 4 policiers.

« Ni le Soudan du Sud, ni la Libye »

Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a réagi aux propos de M. Ayrault en déclarant à l’Agence France-Presse : « Qu’il sache que nous ne sommes ni le Soudan du Sud, ni la Libye (…) Il y a quelque chose qui se trame contre ce pays. » M. Mende avait déjà fait savoir que son gouvernement avait été « choqué » par les propos du président François Hollande, qui avait accusé l’Etat congolais de s’être rendu coupable d’« exactions » contre son peuple, le 19 et 20 septembre à Kinshasa.

RDC : « L’opposition est déterminée à poursuivre la mobilisation »
Durée : 02:34

De son côté, l’administration américaine a adopté, mercredi, des sanctions financières contre deux hauts responsables militaires de RDC, proches du président Joseph Kabila, selon un communiqué du Trésor. Le général-major général Gabriel Amisi Kumba, commandant des forces armées (FARDC) pour la première zone de défense du pays, ainsi que le général John Numbi, ancien inspecteur de la police nationale, ont été placés sur la liste noire américaine.

Leurs avoirs éventuels aux Etats-Unis seront gelés et il est désormais interdit à tout ressortissant américain de réaliser des transactions avec ces individus. « Ces responsables, actuel et ancien, du gouvernement de la République démocratique du Congo se sont engagés dans des actions qui ont sapé le processus démocratique en RDC et réprimé les libertés et droits politiques du peuple congolais, risquant de répandre l’instabilité dans le pays et plus largement dans la région des Grands-Lacs », a déclaré John Smith, directeur en exercice de l’OFAC, l’agence du Trésor qui émet ces sanctions.