Dario Grandinetti (ici avec Silvia Abascal) joue François dans le biopic de Beda Docampo Feijóo. | SAJE DISTRIBUTION

Dans le lot de biopics qui occupent régulièrement nos écrans, une anomalie sort cette semaine : Le Pape François. Produit par une société argentine, réalisé par un cinéaste espagnol inconnu des radars, le film retrace l’histoire du cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires propulsé souverain pontife en 2013. De sa naissance en 1936 jusqu’à son élection surprise, toute la vie du chef de l’Eglise est reconstituée dans cette biographie spectaculaire, recourant aux codes hollywoodiens : mythification, suspense, musique édifiante et une pincée de sentimentalisme. Le geste peut surprendre, au regard des biopics habituels, qui consacrent surtout des chanteurs stars, hommes politiques rétro ou princesses glamour, mais il n’est pas isolé. Depuis quelques années, le Vatican semble être redevenu un lieu de fascination, de mystère, décliné par des séries télé ou des films, tels Borgia ou ­Habemus Papam, qui ont fait du pape un personnage de ­fiction.

Jude Law incarne le pape fictif Pie XIII dans la série « The Young Pope », réalisée par Paolo Sorrentino. | 2015 SKY/HBO/WILDSIDE/CANAL+

Une tendance qui s’est renforcée avec l’avènement de François, véritable icône pop. « Je ne sais pas si on peut parler d’effet de mode, mais on note un nouvel intérêt du public qui tient en partie à la personnalité du pape François. Il est le porte-parole des sans-voix, et s’est vite imposé comme une autorité morale dans le monde », justifie la journaliste Elisabetta Piqué, auteure du Pape ­François, le livre qui inspira le biopic. Cette microtendance obéit en réalité selon à deux logiques contradictoires. D’un côté, elle s’inscrit dans une vague de films produits dans le but d’évangéliser les foules et de surfer sur un marché très ­fructueux – catégorie à laquelle appartiennent Le Pape François ou le film inédit Call Me ­Francesco, de Daniele Luchetti, lui aussi centré sur la vie de l’actuel évêque de Rome. De l’autre, elle traduit paradoxalement une perte de pouvoir du Vatican, que des auteurs n’hésitent plus à aborder d’un point de vue critique, voire contestataire.

La riposte du Vatican

En 2011, Nanni Moretti ouvrait le bal avec son chef-d’œuvre mélancolique Habemus Papam, qui représentait le pape (Michel Piccoli) comme un vieil homme en proie au doute. Le réalisateur Paolo Sorrentino ira encore plus loin dans « The Young Pope », sa première série télé, diffusée cet automne sur Canal+, où il met en scène un pape fictif, Pie XIII, fumeur et déglingué, incarné par la star Jude Law. Une ­mauvaise pub contre laquelle le Vatican a déjà ­préparé sa riposte. En février, on apprenait que le pape ­François allait jouer son propre rôle dans le film familial Beyond The Sun, destiné à « communiquer le message de Jésus aux enfants ». Un pape sur les tapis rouges : même Federico Fellini n’aurait pas osé.

LE PAPE FRANÇOIS Bande Annonce VF (2016)
Durée : 01:34

« Le Pape François », de Beda Docampo Feijóo avec Dario Grandinetti et Silvia Abascal. 1 h 44. En salles le 28 septembre.

Par Romain Blondeau