Le ministre de l’énergie saoudien, Khalid al-Falih, lors de la réunion des membres de l’OPEP à Alger, le 28 septembre. | STRINGER / AFP

Les quatorze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réunis mercredi 28 septembre à Alger, sont finalement parvenus à dégager un accord de principe sur la baisse de production, afin de faire remonter les cours du pétrole. L’organisation ramènerait sa production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (contre 33,24 millions aujourd’hui). C’est la première fois que le cartel réagit ainsi depuis 2008, quand la crise financière post-Lehman Brothers avait fait plonger le baril de 147 dollars au cours de l’été à moins de 35 dollars six mois plus tard.

  • Quel sera l’impact sur les prix ?

Même fragile, cet accord devrait faire repasser le pétrole au-dessus de la barre des 50 dollars le baril, encore loin des 114 dollars atteints en juin 2014. Cette baisse de la production – la première depuis 2008 – devrait être de l’ordre de 700 000 barils par jour, soit entre un tiers et la moitié de l’excédent de production mondiale.

Les marchés ont salué cette décision : en fin d’après-midi, le cours du brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) a clôturé en progression de 5,3 % (47,05 dollars) à New York. En quatre jours, le WTI et le brent de la mer du Nord ont regagné 6 %. En bourse, les valeurs pétrolières flambaient jeudi matin en Europe. A Paris, Technip, Total, CGG ou Vallourec bondissaient en début de séance.

  • Pourquoi cet accord est-il une surprise ?

La veille de la réunion, Bijan Zanganeh, le ministre iranien du pétrole, réaffirmait qu’un tel accord n’était pas envisageable en deux jours. Et pourtant, c’est bien un rapprochement des points de vue entre les deux frères ennemis du cartel, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui a permis de dégager ce consensus. « L’OPEP a pris une décision exceptionnelle aujourd’hui. Après deux ans et demi, l’OPEP a atteint un consensus pour piloter le marché », a déclaré Bijan Zanganeh. L’accord d’Alger constitue un net progrès par rapport à l’échec du sommet de Doha (Qatar), le 15 avril, où les Saoudiens et les Iraniens n’étaient pas parvenus à s’entendre.

  • Pourquoi un tel revirement de l’Arabie Saoudite ?

L’Arabie Saoudite a un besoin urgent de pétrodollars supplémentaires. La situation financière du royaume wahhabite, premier exportateur mondial de brut, s’est fortement dégradée. Le déficit budgétaire a atteint 98 milliards de dollars en 2015 et il représentera près de 14 % de son PIB cette année. Ryad a dû se résoudre à annoncer des réductions de salaire de ses fonctionnaires, une mesure sans précédent dans son histoire. À plus long terme, le pays veut sortir de sa dépendance à l’or noir.

  • Pourquoi les analystes restent sceptiques ?

Après cette décision, le plus dur reste à faire lors de la réunion de l’OPEP, le 30 novembre, à Vienne. Il faudra en effet déterminer la contribution de chaque pays. Ryad a visiblement assoupli sa position, qui consistait à refuser tout gel tant que Téhéran et des pays non-OPEP comme la Russie ne seraient pas prêts à partager l’effort.

Finalement, trois pays seraient autorisés à produire « à des niveaux maximum qui font sens », a indiqué le ministre saoudien du pétrole, Khalid al Falih : l’Iran, pénalisé par les sanctions internationales ; le Nigeria, touché par des attaques de rebelles sur ses installations pétrolières du delta du Niger ; et la Libye, ravagée par la guerre civile.

Mais les analystes savent aussi que les membres de l’OPEP n’ont pas toujours respecté les quotas de production qui leur étaient attribués. Et que les Russes, en dépit de leurs déclarations, n’ont jamais fait de gros efforts pour resserrer les vannes. Signe que les analystes ne surestiment pas l’importance de cet accord d’Alger, les cours du pétrole sont repartis à la baisse, jeudi après-midi, en Asie.