Le nombre de SDF a augmenté de 44 % en onze ans selon le portrait social de la France établi par l'Insee. | REUTERS/FRANCK PREVEL

Dans son rapport « France, portrait social », paru mercredi 19 novembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) chiffre, en 2012, le nombre de personnes sans domicile fixe à 81 000 adultes ainsi que 31 000 enfants. C’est 44 % de plus qu’il y a onze ans. Ces personnes ne sont pas toutes à la rue, mais elles ne disposent pas de logement personnel. En effet, seules 10 % dorment dans la rue et 90 % sont hébergées, soit dans un logement fourni par une association (29 %), un foyer (33 %), un centre d’urgence que l’on doit quitter le matin (12 %) ou encore à l’hôtel (16 %), dont le coût est le plus souvent pris en charge par une association.

Le système social d’hébergement s’est plutôt amélioré entre 2001 et 2012, grâce en partie à la loi pour le droit au logement opposable du 5 mars 2007, à l’initiative de Christine Boutin. La part de personnes accueillies en centre d’urgence que l’on doit quitter le matin sans assurance de trouver une place le soir a baissé de 4 points au profit des chambres d’hôtels (+ 8 points,) un mode d’hébergement certes précaire mais tout de même plus stable que le centre d’urgence.

Les sans-domicile-fixe (SDF) vivent majoritairement dans l’agglomération parisienne : 44 % des SDF et 55 % des migrants vivent à Paris et sa banlieue ; la capitale restant un point d’entrée. Les conditions de logement y sont plus difficiles qu’en régions, avec un accueil plus fréquent à l’hôtel. Quatorze pour cent des SDF parisiens sont à la rue, contre 8 % dans les autres villes

Des étrangers le plus souvent en famille

L’institut distingue deux profils assez différents de SDF. Les étrangers, ou ceux nés hors de France (56 % des sans-domicile) sont originaires du Maghreb (23 %), d’Afrique (35 %) – le plus souvent francophones – ou d’Europe de l’Est – Roumanie, Bulgarie, Pologne –, qui à 70 % ne parlent pas français. Ce sont eux qui sont le plus souvent accompagnés d’enfants (40 % des cas) et les femmes y sont plus nombreuses. Ce sont aussi eux qui dorment plus fréquemment dans la rue. L’étude indique que le nombre de SDF non francophones a grimpé de 34 % entre 2001 et 2012 et singulièrement dans l’agglomération parisienne, avec un bond de 84 %.

Quarante-quatre pour cent des sans-domicile-fixe sont français, soit 36 000 personnes. Cette population est plutôt composée d’hommes seuls. Près d’un sur deux (43 %) n’a jamais eu de logement personnel, ou l’a perdu à la suite de problèmes financiers, expulsion ou licenciement (30 %), des motifs plus fréquents en 2012 qu’en 2001. Parmi les autres raisons : 35 % ont eu des difficultés familiales (séparation, décès du conjoint, parfois violences conjugales). C’est d’ailleurs ce qui frappe dans les profils dessinés par l’Insee : « En remontant plus loin dans leur passé, on constate que les sans-domicile portent souvent le poids d’une enfance marquée par des histoires familiales douloureuses, un quart d’entre eux ont été placés enfants en foyer ou en famille d’accueil », écrivent les auteurs de l’étude. Vingt pour cent ont subi des violences familiales.

Sans être en rupture total avec leur famille, les SDF ont cependant des contacts peu fréquents avec leurs proches, mais voient des amis, et 80 % ont un téléphone portable. Leur taux d’équipement est proche de celui de la population générale (89 %). En revanche, ils utilisent beaucoup moins Internet.

Autre fait marquant, si un tiers des SDF vit avec moins de 300 euros par mois, un sur quatre travaille, soit 3 points de moins qu’en 2001 et pour un sur deux, leurs ressources s’élèvent à environ 900 euros par mois.