Un médecin généraliste sur dix a des réticences par rapport à la vaccination. C’est ce que révèle l’enquête menée en ligne auprès de 1 069 praticiens par la Société française de médecine générale (SFMG) et dévoilée jeudi 29 septembre par Le Parisien.

Cette étude, qui a bénéficié d’un financement « sans contrepartie » de l’industrie pharmaceutique, détaille la nature des « freins » à la vaccination chez ces professionnels de santé. Sa publication intervient alors que la « concertation citoyenne » sur les moyens de répondre à la montée de la défiance à l’égard de la vaccination, lancée en janvier par le ministère de la santé, doit se terminer d’ici à la fin d’année.

Présence d’adjuvant, innocuité et utilité du vaccin HPV contre les papillomavirus, vaccins combinés, etc : sans surprise, les « freins » à la vaccination identifiés chez les médecins sont les mêmes que ceux que l’on retrouve dans le débat public et qui avaient déjà été pointés par une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) en mars 2015.

Signe que la défiance n’épargne pas les professionnels de santé, un médecin interrogé sur quatre (24 %) dit avoir un avis défavorable sur la présence d’adjuvant (essentiellement des sels d’aluminium) dans les vaccins.

S’éviter une argumentation chronophage

Si certains vaccins suscitent une adhésion presque totale (à 95 % pour le tétanos), d’autres cristallisent les doutes. Près d’un praticien sur trois ne voit pas le bénéfice pour la collectivité de recourir au vaccin HPV, contre les papillomavirus, qui vise notamment à prévenir les cancers du col de l’utérus. Un répondant sur trois (35 %) juge également que « le temps nécessaire pour suivre, aborder et expliquer » ce vaccin n’incite pas à le proposer.

Face à un refus du patient, il est ainsi parfois plus simple de ne pas rentrer dans une argumentation chronophage. Un quart des généralistes interrogés assure ainsi ne pas insister lorsqu’un patient est réticent. Une proportion qui passe à la moitié pour le vaccin HPV.

« Lorsque le médecin est en situation défensive et qu’il est obligé de négocier, il sait que ça va lui prendre du temps et compliquer l’organisation de sa journée », fait valoir le Dr Luc Martinez, le vice-président du SFMG et directeur scientifique de l’étude. « Les médecins n’ont pas été préparés à ce type de situation, certains se retrouvent déstabilisés », ajoute-t-il.

« Déconstruire les préjugés  »

Autre enseignement de l’étude : le poids des informations véhiculées par les médias ou les réseaux sociaux. Un tiers (33 %) des médecins généralistes interrogés considère que le contenu de l’information communiquée par les médias est « défavorable ou très défavorable » à la vaccination. Un pourcentage qui dépasse la moitié (56 %) pour les infections à papillomavirus.

Lors de son audition, vendredi 30 septembre, par le comité d’orientation de la conférence citoyenne, la SFMG demandera aux pouvoirs publics de « faciliter l’organisation et l’information » des médecins généralistes.

D’une part, en permettant au praticien d’avoir facilement connaissance de « l’historique vaccinal » de ses patients. D’autre part, en lançant une campagne de communication en direction des professionnels de santé et des patients afin de « vulgariser les données scientifiques sur la vaccination, rappeler l’utilité et l’innocuité des adjuvants et déconstruire les préjugés relatifs à la vaccination afin de redonner la confiance nécessaire à tous les acteurs ».