Shimon Pérès, un Prix Nobel de la paix au bilan mitigé
Durée : 03:35

Une centaine de dirigeants étrangers étaient attendus, vendredi 30 septembre, à Jérusalem à l’occasion des funérailles de l’ancien président israélien et prix Nobel de la paix, Shimon Pérès. Ce dernier est mort mercredi à 93 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral.

  • 90 délégations de 70 pays, la sécurité renforcée

Drapeaux en berne, la capitale était déjà en état de siège alors que ne faisait que commencer l’hommage à l’ancien homme d’Etat. Avec l’arrivée des responsables étrangers, le mont Herzl, sur lequel M. Pérès sera enterré, et une grande partie de la ville devraient être largement coupés du monde. Au total, 90 délégations de 70 pays sont annoncées.

Israël n’a pas connu de tel événement depuis les funérailles, en 1995, de l’ancien premier ministre Yitzhak Rabin. Ce dernier, qui avait été récompensé en même temps que Shimon Pérès et le leader palestinien Yasser Arafat du Nobel de la paix en 1994, avait été assassiné par un extrémiste juif.

« Nous avons affaire à une opération d’une ampleur sans précédent », a estimé le chef de la police, Roni Alsheikh. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations préventives. D’autant que ces obsèques coïncident avec le début des congés des grandes fêtes juives, qui font redouter aux autorités un accès de violences palestiniennes. Huit mille policiers sont mobilisés. Le ministre de la sécurité intérieure Gilad Erdan a ordonné de surveiller les réseaux sociaux pour prévenir toute attaque d’un individu isolé.

  • Présence du président palestinien

Parmi les dirigeants mondiaux présents vendredi à Jérusalem figurent le président américain Barack Obama et son prédécesseur Bill Clinton, qui avait procédé en 1993 à la signature du premier accord d’Oslo et à la fameuse poignée de mains entre les ennemis israéliens et palestinien. Le chef de l’Etat français, François Hollande, est lui aussi accompagné d’un ancien locataire de l’Elysée, Nicolas Sarkozy. Le prince Charles ou encore le roi d’Espagne ont fait le déplacement.

L’Egypte, un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël (le deuxième étant la Jordanie), a confirmé la présence de son ministre des affaires étrangères, Sameh Choukry. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, sera le plus haut représentant arabe. Malgré Oslo et la conversion à la paix de cet ancien faucon, les Palestiniens ont une image bien plus sombre de M. Pérès, en instigateur de la colonisation juive, en homme de guerre et de l’occupation.

  • Défilé de 30 000 Israéliens

Les Israéliens se recueillent devant la dépouille de Pérès
Durée : 00:59
Images : AFP

Jeudi, 30 000 Israéliens, selon les chiffres du Parlement, ont défilé devant la dépouille de l’ancien Pérès. Devant une telle affluence, les autorités ont prolongé de 21 heures jusqu’à 23 heures l’accès du public à l’esplanade. Maintenus à distance par un cordon, beaucoup ont pris des photos avec le cercueil ceint du drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David.

Aux yeux de ses compatriotes, l’homme était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l’Etat d’Israël. Maintes fois ministre, deux fois premier ministre (1984-1986 et 1995-1996) et président (2007-2014), il était devenu dans son pays une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation.