LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine un « film-manifeste » sur le harcèlement scolaire, un documentaire sur l’humour comme arme de combat au temps du terrorisme et une petite merveille de conte qui fait la part belle à la tendresse et à la camaraderie.

L’hiver enchanteur de Léon

L'Hiver de Léon | Extrait
Durée : 01:57

Léon est en rogne. Méchamment en révolte contre ses parents adoptifs, un couple d’apiculteurs, de simples humains, à qui il ne ressemble en rien, puisque lui, Léon, est un petit ours. Et un petit ours bien décidé à fuguer pour aller à la recherche de ses origines. Son périple va le conduire vers une succession d’aventures aussi périlleuses qu’inattendues, mais aussi vers de belles rencontres, avec notamment Boniface, le faiseur d’histoires, l’éléphant trouillard et le hérisson grincheux qui vont devenir ses amis.

L’Hiver de Léon est une petite merveille comme sait nous en offrir depuis sa création, en 1981, le studio Folimage qui renoue, ici, avec ses débuts marqués par la production de films en volumes animés (pâte à modeler, poupées, objets…).

Les auteurs de « L’Hiver de Léon », inspiré d’une légende du pays d’Oc, abordent l’univers du conte en empruntant à l’esthétique des bestiaires et des enluminures médiévales, tout en jouant constamment avec le cadre, la profondeur et la composition. Inventive, d’une beauté époustouflante – on pense à Jérôme Bosch –, la série des « Quatre saisons de Léon » aborde avec intelligence et justesse des thèmes tels que la famille, l’adoption, la camaraderie, l’humour. Un bonheur. Véronique Cauhapé

« L’Hiver de Léon », de Pascal Le Nôtre et Pierre-Luc Granjon (France, 26 minutes). Dimanche 2 octobre à 8 heures sur Piwi. Et en replay sur Piwiplus.fr.

Le harcèlement scolaire par ceux qui l’ont subi

Souffre-douleurs... ils se manifestent - INFRAROUGE
Durée : 01:09:14

Bien souvent, cela part de trois fois rien : une couleur de cheveux, des courbes généreuses, un bégaiement… Puis ce rien devient prétexte pour injurier, humilier, frapper, harceler et plonger ceux qui en sont victimes dans un cauchemar qui peut aller jusqu’au suicide.

Dans la lignée de Viol, elles se manifestent (2013), Andrea Rawlins-Gaston livre un « film-manifeste » sur le harcèlement scolaire. Point d’enseignants, ni de spécialistes, mais la parole des victimes ou de leurs parents, recueillie avec douceur dans le cadre d’une école parisienne un brin vieil­lotte.

Pris isolément dans un couloir, une classe, un escalier, chaque témoignage dessine les différentes étapes et mécanismes du calvaire vécu : des premières brimades à la typologie des bourreaux ; des phénomènes de groupe à l’isolement ; du choix du silence aux répercussions physiques et morales (anorexie, boulimie, automutilation) ; de l’incidence des réseaux sociaux à l’inaction du corps enseignant, contre lequel, du reste, Charlène a ces mots terribles : « C’est l’autorité d’un collège qui valide le harcèlement, l’humiliation. » Christine Rousseau

« Souffre-douleurs, ils se manifes­tent », d’Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea (France, 2015, 52 minutes). A revoir sur Pluzz jusqu’au mardi 4 octobre.

L’humour comme arme de combat

Humoristes et musulmans - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Peut-on encore rire de tout ? Cette question de la liberté d’expression, qui a surgi au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, Frank Eggers, Faruk Hosseini et Sabine Jainski sont allés la poser à des humoristes, des dessinateurs, des blogueurs en France, en Allemagne, en Turquie ou en Tunisie.

Tous ces témoins ont grandi dans la culture musulmane et tentent, à leur manière, au prix parfois de pressions et de menaces, de désamorcer la propagande djihadiste, de combattre les amalgames et les régimes autoritaires. « Quand nous rions, ils perdent », résume Bassem Youssef, qui a trouvé « refuge » sur YouTube depuis que son émission satirique, « Al-Bernameg », a été interdite en Egypte. « L’humour rapproche les gens, les amène à surveiller la vie politique, voilà pourquoi il est très important », insiste cet ancien médecin devenu l’une des figures humoristiques les plus influentes du monde arabe.

Si le temps passé avec les différents témoins apparaît à chaque fois trop succinct, si ce « voyage » parmi ceux qui se battent pour la liberté d’expression file trop vite, ce documentaire a le mérite de révéler des visages importants qui, dans une époque anxiogène, nous aident à prendre du recul et à rire plutôt que de pleurer. Sandrine Blanchard

« Humoristes et musulmans », de Frank Eggers (Allemagne, 2015, 52 minutes). Sur Arte + 7 jusqu’au mercredi 5 octobre.