En toute impunité, des militants d’extrême-droite font le salut nazi devant la parlement hongrois de Budapest, en ce beau samedi après-midi du 1er octobre. Ils sont venus par centaines écouter un concert du groupe de « rock radical » Romantikus Eröszak (« Violence Romantique »), très populaire chez les partisans du Jobbik, la deuxième formation du pays, qui frôle les 20 %.

1 300 migrants à « relocaliser »

Crâne rasé et tatoué, les muscles saillants moulés dans un t-shirt noir, le chanteur les appelle à aller voter pour le « non » au référendum organisé dimanche 2 octobre par le parti souverainiste au pouvoir, le Fidesz de Viktor Orban (45 %). Une consultation appelant les Hongrois à se prononcer sur le plan européen de répartition des réfugiés au sein de l’Union européenne, qui prévoit la relocalisation en Hongrie de 1 300 ressortissants syriens, irakiens et erythréens, et auquel le gouvernement de M. Orban est fermement opposé.

« En 1552, les Hongrois ont fait reculer les musulmans, erructe-t-il. Quand nous nous sommes battus, les Hongrois étaient seulement 2 000, face à 70 000 soldats de l’armée ottomane. Maintenant, ils sont beaucoup plus à la porte de l’Europe. Jurons sur Dieu que nous sacrifieront notre âme et notre sang pour la défense de notre patrie ! »

Dans l’assistance, les gens présents portent des sweats-shirts avec la mention « la terre hongroise n’est pas à vendre ». Beaucoup de membres de « l’armée des brigants » ont fait le déplacement, avec leurs Harley Davidson et leurs blousons de cuir à tête de mort. Dans le sud du pays, cette milice traque les migrants qui tentent de passer la frontière. « Ce ne sont pas des réfugiés, explique Tibor Mireisz, de l’association de la Sainte-Couronne. Ils veulent islamiser l’Europe avec l’aide de Rotschild. Ce sont les mercenaires des juifs ! »

Contre-démonstration pour « défendre la démocratie »

Cette démonstration de force, autorisée par les autorités, est encadrée d’un important dispositif policier, qui sert aussi à séparer les skin-heads de partisans de la formation DK (« coalition démocratique », gauche).

Reconnaissables à leurs parkas bleu électrique, ils manifestent pour leur part afin de convaincre les Hongrois de ne pas aller voter. Composés de personnes âgées pour la plupart, ils forment une chaîne autour du parlement « pour défendre la démocratie », explique Istvan Pataki, l’un d’entre eux, sous un immense drapeau européen.

« Si cela continue à provoquer les autres pays, on va nous jeter en dehors de l’Union européenne. Il faut boycotter cette mascarade! »

Viktor Orban appelle à la mobilisation

Les Hongrois ont « le devoir » d’aider le gouvernement à combattre les décisions de « l’élite à Bruxelles », a écrit le premier ministre Viktor Orban dans une tribune publiée samedi, appelant les électeurs à se mobiliser pour « envoyer un message à chaque Européen : leur dire que cela dépend de nous, les citoyens européens, de ramener l’[Union européenne] à la raison, avec un effort commun, ou de la laisser de désintégrer ».

Si le non au plan européen est quasiment assuré de l’emporter, cette consultation pourrait devenir embarrassante pour Viktor Orban, en quête d’un plébiscite sur sa politique antiréfugiés, si la participation était inférieure au seuil obligatoire de 50 % des inscrits.