A Villeurbanne ce jeudi soir, Alain Juppé a donné son deuxième grand meeting de campagne. | JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Candidat à la primaire de la droite pour 2017, Alain Juppé rend coup pour coup à ses rivaux, tout en se distinguant du président Hollande, dans un entretien au Journal du dimanche, publié dimanche 2 octobre.

« Je veux absolument changer de méthode et dire avant l’élection ce que j’ai l’intention de faire, de façon précise (...). Ainsi, si les Français m’élisent, je disposerai d’une légitimité très forte pour appliquer mon projet », prévient l’ancien premier ministre.

Contrairement à François Hollande, « qui a donné le spectacle de l’impréparation et de l’improvisation permanentes », lui « veut être prêt et rester cohérent tout au long du quinquennat ». Il entend ainsi « rendre publiques » avant la présidentielle « une loi d’habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances, avec cinq ou six ordonnances sur des sujets essentiels et urgents, et une loi de programmation fiscale », des projets auxquels ses équipes « travaillent déjà ».

Accusé de séduire l’électorat de gauche

Attaqué par ses rivaux, le favori des sondages riposte avec véhémence. « Si j’écoute les observateurs, je devais être balayé par le blast promis par Nicolas Sarkozy lors de son entrée en campagne, ironise-t-il avant d’asséner : « Je n’en ai pas ressenti les effets. »

Quand on lui rappelle que le même Nicolas Sarkozy l’a critiqué cette semaine en lançant « quand on cherche à se faire élire par les voix de gauche, on se prépare à mener une politique qui donnera des gages à la gauche », il répond du tac au tac : « quand on cherche à se faire élire par les voix du Front national, on risque de mener une politique inspirée des thèses du Front national ».

Il n’est pas en reste avec François Fillon, qui l’a accusé de servir « de la tisane ». « Sa stratégie » n’est « pas particulièrement couronnée de succès pour l’instant », ironise-t-il alors que le député de Paris ne parvient pas à progresser sensiblement dans les sondages.

« J’entends tous les jours parler de chocs: des chocs fiscaux, des chocs sociaux, des chocs de compétitivité, des chocs de simplification, dont on ne voit d’ailleurs jamais la couleur. Avec tous ces chocs, le bateau France risque de se lézarder rapidement. Parce que je ne pense pas, moi, qu’on puisse provoquer un choc fiscal de 50 milliards d’euros juste en claquant des doigts. Et je ne pense pas qu’on puisse supprimer 600 000 emplois de fonctionnaires », ajoute-t-il, toujours en direction de M. Fillon. Lui, à l’inverse, défend « des mesures fortes, oui, mais réalistes ».