Natacha Bouchart, maire de Calais. | Marc CHAUMEIL

Bras de fer entre arrêté municipal et arrêté préfectoral autour du mur antimigrants à Calais. La maire de la ville, Natacha Bouchart (LR), a annoncé lundi 3 octobre avoir pris un « arrêté interruptif » des travaux du mur « anti-intrusions » de migrants sur la rocade portuaire de sa ville, dont la construction a démarré le 20 septembre. Mais l’Etat a aussitôt réaffirmé qu’il passerait outre.

L’arrêté municipal, qui met en demeure la société en charge des travaux de les « interrompre », n’est pas suspensif, mais Mme Bouchart avait dit le 23 septembre vouloir se battre « avec les armes juridiques en [sa] possession ».

« Dès ce soir, la préfecture du Pas-de-Calais prendra un arrêté suspendant l’arrêté municipal interruptif de travaux afin de permettre la poursuite des travaux du mur végétalisé », a d’ailleurs immédiatement répliqué la préfecture, qui défend l’efficacité de ce dispositif.

Un mur qui n’a « plus lieu d’être »

Mme Bouchart estime que l’édification de ce mur végétalisé de 4 mètres de hauteur et 1 km de long, prolongeant les grillages déjà installés sur la rocade près du port, n’a « plus lieu d’être » depuis l’annonce le 2 septembre par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, du prochain démantèlement de la « jungle ».

Cette opération d’envergure – entre 7 000 et 10 000 migrants y vivent selon les comptages – doit intervenir avant le début de l’hiver. Financé par la Grande-Bretagne (2,7 millions d’euros), ce mur vise à protéger la rocade des assauts répétés de migrants, qui tentent de monter à bord des camions en partance pour l’Angleterre.

« Entraves au code d’urbanisme »

Dans son communiqué, la maire de Calais dit avoir pris cet arrêté « en l’absence de réponse satisfaisante de la part de l’Etat » et de la société chargée de la construction. L’arrêté « est en cours d’affichage sur le site concerné », précise-t-elle.

Mme Bouchart, soutien de Nicolas Sarkozy dans la primaire de la droite, avait écrit à François Hollande, à la suite de sa visite à Calais le 26 septembre, pour lui réclamer de nouveau l’interruption des travaux, trois jours après avoir menacé de prendre un tel arrêté.

Elle fonde sa demande sur des « entraves au code d’urbanisme et de l’environnement », évoquant notamment le fait que le secteur concerné est « classé en zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager, devenu site classé remarquable ».

« Les Calaisiens en ont ras le bol de voir des barrières et des barbelés partout, on se sent complètement enfermés », avait également déclaré Mme Bouchart, qui était à l’origine favorable à la construction de ce mur.