Larossi Abballa, 25 ans, a assassiné le 13 juin 2016 Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et Jessica Schneider, 36 ans, à leur domicile de Magnanville. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Le djihadiste Larossi Abballa, qui a tué en juin un policier et sa compagne à Magnanville (Yvelines) avant d’être abattu par les policiers du RAID, a été inhumé au cours du week-end au Maroc, a-t-on appris, lundi 3 octobre, de l’avocat de la famille du jeune homme. « Le Maroc a fait preuve d’humanité. L’autorisation d’inhumer a été donnée jeudi, le corps a été transféré vendredi et il a été enterré au cours du week-end », a indiqué Me Victor Lima.

Le djihadiste, dont la dépouille se trouvait jusqu’alors à l’Institut médico-légal de Paris, a été inhumé selon le rite musulman, en présence de sa famille. Sa tombe, dont le lieu exact n’a pas été précisé, n’a toutefois pas été anonymisée. « La famille est apaisée. Ils voulaient en finir, ils peuvent maintenant commencer leur deuil », a ajouté l’avocat.

Larossi Abballa, 25 ans, a assassiné le 13 juin Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police, adjoint du commissariat des Mureaux, et Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, à leur domicile de Magnanville, sous les yeux de leur fils de 3 ans.

Bataille juridique

Le père de Larossi Abballa avait simultanément formulé trois demandes d’inhumation au cours du mois de juillet : à Magnanville (Yvelines), où le djihadiste avait été tué lors de l’intervention des policiers d’élite, à Mantes-la-Jolie, où il résidait, et au Maroc. Les deux premières communes avaient refusé de procéder à l’inhumation, ce qui avait conduit la famille à attaquer la ville de Mantes-la-Jolie devant le tribunal administratif de Versailles.

La question a ensuite été transmise au Conseil d’Etat, qui doit se prononcer avant la fin de janvier sur la conformité à la Constitution d’une loi qui oblige les communes à procéder à l’inhumation de ses résidents qui en font la demande. Si le combat judiciaire est désormais devenu purement théorique, la famille Abballa entend le poursuivre « car il a un intérêt juridique », a expliqué son avocat.

La loi prévoit plusieurs cas de figure pour le lieu d’inhumation, selon François Michaud-Nérard, directeur général des services funéraires de la ville de Paris, interrogé par l’Agence France-Presse fin 2015 : « Si les familles les réclament, les défunts ont droit à une sépulture à l’endroit où ils résidaient, là où ils sont décédés, ou là où la famille a une sépulture familiale. »

Des corps encombrants

Depuis la vague d’attaques terroristes qui sévit en France depuis 2015, la question de l’enterrement des djihadistes est régulièrement posée, les corps des auteurs des attentats étant bien encombrants pour les autorités.

En août, les maires de Montluçon (Allier) et Saint-Dié (Vosges) avaient indiqué leur refus d’accueillir la tombe d’Abdel Malik Petitjean, l’un des assassins du prêtre Jacques Hamel, égorgé à la fin du mois de juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray. Il n’a d’ailleurs toujours pas été enterré. Son complice Adel Kermiche a, pour sa part, été inhumé en toute discrétion dans le carré musulman du cimetière intercommunal de Puiseux-Pontoise (Val-d’Oise), à la fin du mois d’août.

C’est également en région parisienne que deux des trois assaillants du Bataclan ont été inhumés. Quant à Brahim Abdeslam, frère de Salah Abdeslam, seul assaillant survivant des attaques du 13 novembre 2015, il a été enterré à Bruxelles en mars 2016.