Jose Manuel Barroso chez Goldman Sachs. Neelie Kroes, ancienne commissaire (européenne) au numérique qui rejoint Uber puis Salesforce, le leader mondial (et américain) du cloud. Et, désormais, l’ancienne commissaire au climat, la Danoise Connie Hedegaard, chez Volkswagen (VW), pour conseiller le constructeur qui a triché sur les émissions de certains moteurs, mais veut se soucier de développement durable. Précision : durant son mandat (entre 2010 et 2014), Mme Hedegaard était notamment chargée de superviser les émissions de CO2 des automobiles.

Décidément, l’ex-Commission Barroso est non seulement un tremplin idéal vers le monde du business, mais aussi le meilleur agent de propagande pour les détracteurs de l’Europe.

Code de conduite

L’épisode Hedegaard est le dernier en date d’une saga qui abîme l’image d’un collège européen dont les membres actuels semblent d’ailleurs démotivés, face aux innombrables crises qui assaillent l’Union. Et incapables de tenir un propos un tant soit peu critique sur l’attitude de leurs prédécesseurs, ce qui laisse entendre qu’ils ne trouvent rien à y redire…

Ils tentent juste de convaincre que le code de conduite pour les ex-commissaires est « l’un des plus sévères au monde », que les règles du « cooling » – la période qui sépare la fin du mandat d’une embauche éventuelle – sont respectées, comme les impératifs de « prudence » et de « retenue ».

Opération de « verdissement »

Mme Hedegaard – par ailleurs lobbyiste pour la société danoise de réfrigération Danfoss – souligne que le mandat qu’elle exercera chez VW ne sera pas rémunéré. Une ex-commissaire au climat devait-elle toutefois participer à ce que l’ONG Corporate Europe Observatory décrit comme une pure opération de « verdissement » de VW ?

« Si les personnes soucieuses des questions climatiques ne parlent qu’aux convaincus, comment arrivera-t-on à une transition globale ? », a déclaré avec aplomb Mme Hedegaard au site EUobserver.

M. Barroso soutiendra-t-il qu’il s’en va, en fait, prêcher l’éthique chez Goldman Sachs, tandis que Mme Kroes – qui expliquera ses liens avec une société des Bahamas – promettra de défendre l’avenir du numérique européen face aux acteurs américains du secteur ?