France 3 - lundi 3 octobre – 20 h 55

Juppé, le ressuscité - lundi 3 octobre à 20.55 sur France 3
Durée : 00:38

Les hommes politiques le savent : même sévèrement touchés, ils ne sont jamais morts. C’est le cas d’Alain Juppé qui, après avoir connu une longue traversée du désert entre 2004 et 2006, se retrouve en tête des sondages de la primaire de droite pour la candidature à l’élection présidentielle de 2017 face à son rival Nicolas Sarkozy. Après avoir connu le pire, il rêve au meilleur.

Dans Juppé, le ressuscité, le maire de Bordeaux se confie longuement et sans langue de bois au journaliste Franz-Olivier Giesbert sur toutes les grandes étapes et chausse-trappes qui ont émaillé sa carrière politique. Très proche collaborateur de Jacques Chirac à la Mairie de Paris qui lui créa, par la suite, de gros problèmes avec la justice, plusieurs fois ministre (budget, défense, écologie, affaires étrangères) et premier ministre, Alain Juppé reste marqué au fer rouge par ses deux années à Matignon (1995-1997) et les grandes grèves de 1995 contre les réformes de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux de retraite. « On ne pointe que le ratage de la réforme du régime des retraites, mais j’ai tout de même réussi celle de la Sécurité sociale », corrige t-il.

Juppé, le ressuscité : son orgueil - lundi 3 octobre à 20.55 sur France 3
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Mais c’est surtout sa condamnation en 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, qu’il garde en travers de la gorge. Obligé de démissionner de tous ses mandats électifs, il s’est retrouvé bien seul face à ce qu’il appelle « l’infamie ». Sans le reconnaître, il ne conteste pas que sa condamnation fut une forme de sacrifice pour ne pas « faire tomber » Jacques Chirac, installé à l’Elysée.

« Je les emmerde »

Moins « droit dans ses bottes », plus rond et souriant, il reste pourtant emprunté lorsqu’il part à la rencontre de ses électeurs. On le sent mal à l’aise, au petit matin, pour s’extasier devant un filet de pêcheur qui remonte raies, soles et sardines. Il est même gêné lorsque des lecteurs lui glissent quelques confidences lors d’une séance de signatures. Mais, il est sans pitié pour ses principaux rivaux à la primaire de la droite.

Bruno Le Maire ? « Il est classique, superficiel et froid », dit-il. François Fillon ? « C’est le sérieux, c’est le calme, une forme de sang-froid, de réflexion. De l’autre côté, Fillon, c’est peut-être un peu l’indécision ou la difficulté à s’engager vraiment et à trancher vraiment. Ce n’est pas que je ne l’aime pas, mais c’est un peu une faiblesse chez lui, c’est sûr », balance-t-il. Quant à Nicolas Sarkozy :

« On voit tout de suite ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas. Ce qu’on aime, c’est cette énergie, cette façon de capter l’attention, et plus que l’attention, quand vous êtes en face-à-face avec lui, d’abord il vous touche, il vous prend physiquement, et c’est difficile de résister. Puis par ailleurs, il y a de l’autre côté, l’excès, la superficialité, l’emballement, parfois un peu le simplisme sur certaines idées. »

Prêt à accueillir les déçus du hollandisme et du Front national, Alain Juppé veut ratisser large pour obtenir l’investiture des Français sans faire de concessions. Se déclarant catholique agnostique, il affirme aimer aller à la messe « parce que pendant une heure, personne ne m’emmerde ». Et quand Franz-Olivier Giesbert lui demande : « Vous ne craignez pas que les électeurs se disent que Juppé est trop conventionnel et qu’avec lui, on va se faire chier ? », il répond : « Je les emmerde ! ».

Juppé, le ressuscité, de Franz-Olivier Giesbert et Yoann Gillet (Fr., 2016, 90 mn).