« Contrairement aux idées reçues, seules 44% des absences sont liées à un problème de santé. » | © Charles Platiau / Reuters / Reuters

Les Français sont-ils plus malheureux au travail que leurs voisins européens ? Oui, si l’on en croit le 8e Baromètre de l’absentéisme publié début septembre par le cabinet de conseil Ayming (ex-Alma Consulting Group).

Le Baromètre de l’absentéisme comprend deux volets : une étude quantitative réalisée en partenariat avec AG2R La Mondiale auprès d’un échantillon de 26 230 sociétés employant plus de 960 000 personnes en France, et une autre étude qualitative sur le rapport des salariés du secteur privé avec le travail, menée auprès de 3 000 salariés du secteur privé en juin dans sept pays européens : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et au Royaume-Uni.

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Le résultat est alarmant : alors que les Néerlandais affichent un « taux de bonheur » au travail et de mobilisation professionnelle de 54 %, il n’est que de 35 % en France, soit 5 points en dessous de la moyenne européenne. Plus inquiétant encore : 16 % de nos compatriotes se disent eux « ni heureux et ni concernés par l’avenir de leur entreprise ». Le pire score en Europe !

Cela pèse évidemment sur leur assiduité. En France, en moyenne, l’absentéisme a été de 16,6 jours calendaires par salarié en 2015, soit plus de deux semaines. Ces chiffres émanent d’une seconde étude.

Les seniors très exposés

Il en ressort qu’avec un taux de 4,55 % contre 4,59 % en 2014, l’absentéisme peine toujours à reculer en France. « On constate même une légère dégradation dans les grands groupes », note Yannick Jarlaud, directeur associé chez Ayming, chargé du Baromètre depuis 2007.

Aucun secteur d’activité n’est épargné, même si le BTP s’en sort plutôt mieux que les autres avec un taux d’absentéisme de 3,9 % contre 5,65 % dans les services, le plus mauvais élève de la classe.

« On passe de 3,86 % dans le Centre-Val-de-Loire à 4,84 % dans les Hauts-de-France et même 6,01 % en Corse »

Les écarts sont nettement plus notables selon les zones géographiques. « On passe de 3,86 % dans le Centre-Val-de-Loire à 4,84 % dans les Hauts-de-France, 5,01 % en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et même 6,01 % en Corse », compare ainsi le spécialiste.

Le sexe et l’âge jouent aussi. Ainsi, les femmes qui assument souvent « plus de charge familiale » et « sont physiologiquement plus sensibles aux affections professionnelles telles que les troubles musculo-squelettiques », s’absentent 18 jours en moyenne contre 13,6 pour leurs homologues masculins. Sans surprise, les seniors s’avèrent eux aussi très exposés. « Ils sont absents moins souvent mais plus longtemps que les moins de 30 ans », précise l’auteur de l’étude.

Coût considérable

A l’arrivée, le coût pour les entreprises est considérable. « Entre le maintien des salaires, les CDD de remplacement, la prévoyance, et les cotisations dédiées aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, l’absentéisme leur coûte, chaque année, près de 60 milliards d’euros », rappelle Yannick Jarlaud.

« Ces données visent donc à les aider à mieux se situer au sein de leur secteur d’activité et de leur région mais aussi à trouver de nouvelles pistes pour remobiliser leurs collaborateurs. » Contrairement aux idées reçues, seules 44 % des absences sont liées à un problème de santé.

Les autres sont dues à un motif professionnel : charge de travail, rémunération insatisfaisante, mauvaise ambiance entre collègues, conditions de travail dégradées, manque de reconnaissance et de soutien…

Il est donc grand temps de passer à l’action. « Certains grands groupes ont mis en place une politique sociale mais pour beaucoup, cela reste encore accessoire et secondaire, regrette Yannick Jarlaud. Pourtant, si l’on veut que nos entreprises soient compétitives au niveau européen, il ne suffit pas d’adopter des dispositifs avantageux. Il faut aussi travailler sur la qualité de vie au travail et de l’épanouissement professionnel. »