Un immeuble d’habitation, à Paris. | AFP/JACQUES DEMARTHON

Les transactions de logements anciens vont toujours bon train. Sans même observer l’habituelle pause estivale, l’activité a progressé de 9,8 % au troisième trimestre par rapport à la même période l’an passé, selon le réseau d’agences Century21.

« C’est un marché sain. La hausse des prix est contenue à 2 % et les tarifs baissent même dans neuf régions sur vingt-deux [selon l’ancienne cartographie], l’Auvergne, la Basse-Normandie, la Bourgogne, le Limousin, la Lorraine, Midi-Pyrénées, les Pays de la Loire, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes », commente Laurent Vimont, président de Century21. Et celui-ci de souligner la faiblesse des taux des crédits : « Sur vingt ans, ils dégagent 25 % de pouvoir d’achat en plus si l’on compare aux conditions du crédit en 2011. »

« Certaines banques ont encore, en septembre, baissé significativement leur taux, de 0,40 point », note Sandrine Allonier, du courtier en ligne Vousfinancer.com. L’Observatoire Crédit Logement annonce d’ailleurs un nouveau record pour ces taux, désormais établi à 1,41 % en moyenne pour un achat dans l’ancien, quelle que soit la durée du prêt.

Tous types d’acquéreurs

Century21 constate que tous les types d’acquéreurs sont au rendez-vous, y compris les investisseurs. Ceux-ci sont même un peu plus nombreux puisqu’ils représentent 18 % des acheteurs, contre 17 % il y a un an. Ils profitent des conditions exceptionnelles du crédit pour emprunter plus, en moyenne 81 % du montant de leur achat, contre 75,5 % au troisième trimestre 2015, et acheter plus grand, 85 mètres carrés en moyenne. Pour M. Vimont, « c’est inédit. Dans douze régions sur quinze, le prix moyen d’un bien est inférieur à 150 000 euros, ce qui permet, pour un crédit sur vingt ans, des mensualités de 705 euros, soit l’équivalent d’un loyer ».

A Paris, le prix moyen du mètre carré pourrait grimper à 8 400 euros d’ici à la fin de l’année

Seule ombre à ce tableau, l’Ile-de-France, où la remontée des prix inquiète. Dans leur communiqué du 30 septembre, les notaires constatent qu’ils ont augmenté de 3 % en un an dans la capitale, s’établissant en moyenne à 8 210 euros le mètre carré fin juillet. Et d’après les promesses de ventes déjà signées, le mètre carré pourrait grimper à 8 400 euros en novembre, portant la hausse annuelle à près de 5 %.

« Ce sont les niveaux de prix atteints en 2011. Les quatre années d’érosion régulière et modérée depuis s’en trouveraient ainsi effacées », commentent les notaires franciliens. « On ne construit pas assez à Paris, juge M. Vimont. A peine 1 000 à 1 200 logements par an alors qu’il en faudrait cinq ou six fois plus pour accueillir les 12 000 entrants. »

Surélever des immeubles

La municipalité explore toutes les pistes pour trouver des solutions : transformer les 800 000 mètres carrés de bureaux vides en logements permettrait d’en créer 80 000 de plus ; surélever des immeubles existants – l’Atelier parisien d’urbanisme en a recensé 11 520 (8,6 % des immeubles de Paris) au-dessus desquels cette opération délicate et coûteuse serait faisable ; couvrir les voies ferrées ou le boulevard périphérique et y implanter des habitations.

Aller au-delà semble difficile dans cette capitale parmi les plus denses du monde – 21 000 habitants par kilomètre carré, soit quatre fois plus que Londres – sans provoquer une thrombose de la circulation et des transports en commun, une saturation des réseaux d’eau et d’évacuation et en évitant une pollution devenue mortelle.

Le « phénomène » Airbnb est toujours à l’œuvre en région parisienne, où il confisque à lui seul un pan entier du parc locatif – 70 000 logements dont 45 000 intra-muros – notamment dans les quartiers centraux. La production de logements neufs a, certes, battu en 2016 des records vieux de vingt ans avec 69 900 mises en chantier en un an, fin août, et 81 400 permis délivrés, mais celle-ci est rapidement absorbée par la location touristique, qui n’accueille pas de Parisiens, priés d’aller vivre en périphérie.

En banlieue, la poussée des prix est un peu moins forte qu’à Paris, entre 2 % et 4 % par an. Cette hausse est davantage soutenue dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines mais elle plafonne à 1,5 % en grande couronne.

Les Parisiens délaissent la voiture, et les parking

Le nombre de parkings vendus seuls plafonne à 10 000 par an depuis vingt ans, constatent les notaires franciliens dans un communiqué diffusé vendredi 30 septembre. Les notaires avancent deux raisons pour expliquer cette faible demande. Tout d’abord, huit immeubles sur dix construits après 1980 intègrent des places de stationnement attachées à un appartement et vendues en même temps que lui. Surtout, les ménages parisiens ne sont plus, en 2015, que 36 % à posséder un véhicule, contre 42 % en 2006, et 80 % dans l’ensemble de la France. La pression de la demande étant moindre, le prix médian d’une place de parking vendue seule en Ile-de-France en 2016 s’élève à 16 000 euros, contre 10 700 euros en 1996. Soit une hausse de 50 % en vingt ans quand les appartements, eux, se sont renchéris de 182 %.