Le directeur général d’Altice Michel Combes a fait part de sa totale incompréhension mardi après la décision de l’AMF de déclarer non-conforme l’OPE de son groupe sur SFR, une opération qu’il a exclu de relancer en en modifiant les termes financiers. | ERIC PIERMONT / AFP

C’est une décision rare. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a déclaré, mardi 4 octobre, « non conforme » le projet d’offre publique d’échange (OPE) du groupe de médias et télécoms Altice sur les quelque 22% de l’opérateur SFR qu’il ne détient pas encore, une décision contre laquelle le groupe pourrait faire appel.

L’AMF n’a pas donné d’explication dans l’immédiat et a précisé qu’elle publiera « sa décision motivée dans un délai rapide », selon un avis publié mardi.

Altice a réagi en « regrettant » cette décision, précisant dans un communiqué qu’il pourrait faire appel. Altice Group « regrette cette décision qui va contre les intérêts des deux compagnies, leurs actionnaires et leurs employés ». Le groupe de Patrick Drahi rappelle que « le conseil d’administration de SFR avait unanimement recommandé l’apport volontaire à l’offre » et qu’un expert indépendant avait conclu « que l’offre était juste pour les minoritaires ».

S’emparer des 22,25% du capital de SFR

« En raison de la décision de l’AMF, l’offre est annulée, mais Altice se réserve le droit de faire appel devant la cour d’appel de Paris » car la décision est « contraire aux régulations en vigueur des marchés financiers  », poursuit-il.

Le directeur général d’Altice, Michel Combes, a par ailleurs fait part de son « incompréhension la plus totale ». Selon le dirigeant, le gendarme de la Bourse s’est prononcé pour rendre sa décision sur les termes économiques de l’opération, ce qui constitue à ses yeux un revirement de jurisprudence.

« C’est un changement de règle du jeu en plein milieu du gué. On envoie un signal d’imprévisibilité totale », a-t-il estimé, en faisant valoir que la décision de l’AMF pourrait nuire à l’image de la place financière de Paris. Il a par ailleurs exclu de lancer une nouvelle offre aux termes modifiés. SFR a déclaré de son côté « prendre acte de la décision de l’AMF ».

Altice avait lancé une OPE début septembre avec pour objectif de s’emparer des 22,25% du capital de SFR que le groupe ne détenait pas encore afin de « simplifier sa structure capitalistique et de renforcer sa flexibilité organisationnelle ».

L’offre proposait huit nouvelles actions ordinaire Altice NV de catégorie A, cotées à Amsterdam, pour cinq actions SFR. Altice espérait, s’il obtenait au moins 95% des titres de SFR, pouvoir alors retirer de la cote l’opérateur français.