Joshua Wong, à son retour à Hongkong, le 5 octobre. | ANTHONY WALLACE / AFP

Les autorités thaïlandaises ont refusé, à la demande de la Chine, l’entrée sur leur territoire au militant pro-démocratie hongkongais Joshua Wong, mercredi 5 octobre, provoquant la colère des étudiants thaïlandais qui l’avaient invité à s’exprimer dans le cadre de la commémoration du massacre de Thammasat, il y a quarante ans.

Joshua Wong, 19 ans, a été brièvement détenu à l’aéroport de Bangkok avant d’être renvoyé à Hongkong. Un responsable de l’immigration thaïlandaise a indiqué que la décision avait été prise à la demande de la Chine, note le quotidien The Nation.

A Hongkong, un rassemblement a été organisé devant le consulat de Thaïlande pour protester contre la décision, en présence de Nathan Law, un autre leader de la « révolution des parapluies » âge de 23 ans, élu le mois dernier député du parti Demosisto, contraction de « démocratie » et « résistance ». En 2014, le « mouvement des parapluies » avait manifesté dans les rues de Hongkong contre le gouvernement chinois pour réclamer davantage de démocratie.

A l’université de Chulalongkorn, à Bangkok, le 5 octobre. | MUNIR UZ ZAMAN / AFP

A l’université de Chulalongkorn, à Bangkok, où Joshua Wong devait s’exprimer, les étudiants ont organisé une manifestation en brandissant des parapluies. Des étudiants avaient invité Joshua Wong dans le cadre de l’anniversaire de la répression du 6 octobre 1976, le « Tiananmen thaïlandais ».

Nouvelle génération

Ce jour-là, des miliciens ultraroyalistes, appuyés par la police et par l’armée, avaient violemment réprimé les étudiants de gauche qui manifestaient sur le campus de l’université de Thammasat contre le retour d’exil de Thanom Kittikachorn, un ancien dictateur militaire. Le bilan officiel de 46 morts est toujours controversé, les survivants évoquant une centaine de tués. Ce jour sombre dans l’histoire du royaume, resté dans le mémoire des Thaïlandais sous le nom de « Hok Toula » (6 Oct.), est toujours cerné de non-dits. Les responsabilités n’ont pas été établies, et le rôle exact tenu par l’institution monarchique n’a jamais été élucidé.

Les survivants eux-mêmes ne forment pas un front uni. La plupart, après le 6 octobre 1976, ont rejoint la guérilla communiste dans le nord du pays, avant de prendre leurs distances avec la rébellion. En 1978, une loi d’amnistie a été l’occasion pour les étudiants de retourner à la vie civile. Par la suite, certains se sont engagés dans différentes ONG, d’autres ont rejoint les Chemises jaunes, ultraroyalistes. Une minorité a soutenu les Chemises rouges, mouvement opposé aux élites thaïlandaises et soutenant l’ex-première ministre Yingluck Shinawatra.

La commémoration de l’événement s’annonce délicate, alors que la junte au pouvoir depuis 2014 réprime sévèrement les entorses à la loi sur le lèse-majesté. Pour la première fois, une nouvelle génération d’étudiants thaïlandais s’est emparée du sujet, saisissant l’occasion pour réclamer le retour de la liberté d’expression confisquée depuis deux ans.