Près de 300 migrants marchent depuis Belgrade en Serbie vers la Hongrie, le 3 octobre. | ANDREJ ISAKOVIC / AFP

Un an après un afflux inédit de demandeurs d’asile sur le Vieux continent, un nouveau corps européen de gardes-frontières entre en service jeudi 6 octobre pour mieux protéger les frontières de l’UE et offrir une image d’unité sur la complexe question migratoire.

Le chaos provoqué par les arrivées en Grèce en 2015 a en effet mis au jour les faiblesses de l’agence Frontex, sous-dimensionnée pour assister efficacement les pays situés en première ligne et préserver la libre-circulation dans l’espace Schengen.

Les dirigeants européens ont symboliquement choisi d’inaugurer cette nouvelle force à la frontière entre Bulgarie et Turquie, principal point d’entrée terrestre des migrants lorsqu’ils contournent la périlleuse voie maritime via la Méditerranée.

  • Des effectifs étoffés

Le nouveau corps européen, va remplacer Frontex, en renforçant sensiblement cette agence basée à Varsovie. Ses effectifs permanents atteindront un millier de personnes, plus du double de ceux de Frontex, au terme d’une montée en puissance progressive.

Il pourra faire appel rapidement à une réserve de 1 500 gardes-frontières ou gardes-côtes nationaux, ainsi qu’à des équipements techniques, que les Etats membres auront l’obligation de mettre à sa disposition à partir de décembre.

La nouvelle agence pourra également acquérir son propre matériel, alors que Frontex devait systématiquement adresser des demandes de contributions aux Etats membres, souvent peu pressés d’y répondre.

  • Des missions élargies

La nouvelle agence devra maintenir une veille permanente sur la situation aux frontières extérieures de l’UE. Elle détachera ainsi des agents de liaison dans les Etats membres où les frontières sont sous pression.

Son mandat lui permettra d’envoyer des officiers de liaison dans des pays tiers, hors de l’Union, et de lancer des opérations conjointes avec ces pays. Elle jouera aussi un rôle accru dans la coordination des opérations de renvois de migrants irréguliers vers leurs pays d’origine.

Elle aura également une mission de prévention de la criminalité transfrontalière, avec la possibilité de collecter et traiter des données sur des personnes soupçonnées d’activités criminelles ou en situation irrégulière, et de les partager avec les Etats membres et Europol.

  • Le « droit d’intervenir »

L’un des points les plus marquants du projet initial de la Commission européenne, en décembre 2015, était de pouvoir imposer une intervention de la nouvelle agence européenne dans un pays débordé, même si ce dernier se refusait à solliciter son aide.

Cette disposition a inquiété plusieurs pays, inquiets de voir leur souveraineté remise en cause. Dans le texte finalement adopté, ce n’est plus la Commission, mais le Conseil de l’UE (donc les Etats membres) qui prendrait, à la majorité qualifiée, la décision d’une intervention dans un pays ne demandant pas d’assistance.

Si le pays visé refuse, il n’est pas question d’y envoyer des gardes-frontières contre son gré, mais les autres pays, notamment ses voisins, pourraient être autorisés à réintroduire des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen.

Le nouveau corps « sera capable d’identifier les points faibles, de les corriger à l’avance et pas lorsqu’il est trop tard », avait promis en juin le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.