Des combattants de la milice rebelle salafiste Ahrar Al-Cham, près d’Hama en Syrie, en mars 2015. | KHALIL ASHAWI / REUTERS

Quelques heures seulement avant l’entrée en vigueur d’un accord de trêve – annoncé samedi à Genève par Moscou et Washington –, le président syrien, Bachar Al-Assad, a affirmé lundi 12 septembre vouloir regagner tout le territoire qui échappe au contrôle du régime. « L’Etat syrien est déterminé à reprendre aux terroristes toutes les régions et à rétablir la sécurité », a-t-il déclaré.

Un peu plus tôt, l’opposition syrienne a demandé des « garanties » sur l’application de cette cessation des hostilités, qui doit entrer en vigueur dans la soirée, à 19 heures heure locale. « Nous espérons qu’il y aura des garanties et nous demandons des garanties spécialement des Etats-Unis, qui sont partie prenante de l’accord » de trêve, a affirmé Salem Al-Mouslet, le porte-parole du Haut Comité des négociations (HCN) de l’opposition syrienne.

Dimanche, la puissante milice salafiste syrienne Ahrar Al-Cham a, de son côté, fortement critiqué l’accord russo-américain de trêve, sans toutefois franchir le pas de son rejet total. La myriade de mouvements insurgés, islamistes et non islamistes, de même que l’opposition politique n’ont toutefois pas encore donné de réponse officielle.

Ahrar Al-Cham argue que ce cessez-le-feu ne fera que « renforcer » le régime du président Bachar Al-Assad et « augmenter la souffrance » des Syriens. « Le peuple ne peut pas accepter des demi-solutions », a affirmé Ali El-Omar, adjoint du commandant général du groupe dans un discours diffusé sur YouTube, à l’occasion de l’Aïd el-Kébir, la fête musulmane du sacrifice, célébrée lundi.

« L’accord russo-américain (…) fait partir en fumée tous les sacrifices et les gains de notre peuple révolté ; il ne contribue qu’à renforcer le régime et à encercler la révolution militairement. »

« Eliminer ceux qui protègent les Syriens »

Le responsable a également rejeté le deuxième volet du texte en vertu duquel Washington doit convaincre les rebelles de se dissocier d’un allié djihadiste de taille, le Front Fatah Al-Cham, ex-Front Al-Nosra. Or, les rebelles comptent sur l’aide de ce mouvement, aguerri et bien organisé, dans toute bataille contre le régime.

Ce dernier, non concerné par l’accord, a également réagi sur Twitter. « C’est simple, l’accord russo-américain vise à éliminer ceux qui protègent les Syriens », a estimé Mostafa Mahamed, un porte-parole, en allusion à son propre groupe.

L’annonce de cette trêve après des semaines de discussions entre les Etats-Unis et la Russie, qui soutiennent respectivement l’opposition et le régime, survient au moment où les insurgés sont en difficulté sur le terrain, après avoir perdu la dernière bataille d’Alep. Le régime de Bachar Al-Assad et ses alliés ont affirmé qu’ils le respecteraient.

« La population ne se fait plus d’illusion »

Les raids aériens et les bombardements ont continué de plus belle dimanche en Syrie. L’aviation du régime a bombardé la partie rebelle assiégée dans l’est d’Alep, tuant six civils et en blessant une trentaine, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Interrogés par l’Agence France-Presse, les habitants des quartiers insurgés, où vivent quelque 250 000 personnes, ne semblent pas avoir beaucoup d’espoir.

« Nous prions pour qu’il y ait un cessez-le-feu afin de donner un répit aux civils », a déclaré Abou Abdallah. Mais, dit-il, « la population ne se fait plus d’illusion ». « Le peuple syrien, qu’il vive dans les zones contrôlées par le régime ou par l’opposition, a perdu toute confiance dans les deux parties », assure Safouane Badaoui, un autre résident.

A Douma, ville rebelle près de Damas assiégée depuis 2013, le conseil local qui gère les affaires des civils a annoncé dans un communiqué soutenir la trêve, et appelé à la paix, sous le slogan « Assez de la guerre ».

La veille, des frappes d’avions non identifiés ont tué au moins 62 personnes dans la localité insurgée d’Idlib (nord-ouest), à l’heure où les habitants faisaient leurs achats pour célébrer l’Aïd el-Kébir.