Nicolas Sarkozy, le 13 décembre 2015 à Paris. | ALAIN JOCARD / AFP

Nous nous interrogions hier sur le poids des sympathisants de la gauche dans la primaire de la droite et du centre à partir de trois sondages publiés en septembre. Aujourd’hui, nous vous proposons une analyse similaire agrémentée du sondage Harris paru le 5 octobre, mais pour les sympathisants du FN qui devraient vraisemblablement jouer un rôle important dans l’issue du scrutin. Comme la précédente, cette analyse se base sur des sondages, avec toutes les limites méthodologiques que cela implique (voir encadré en fin d’article).

D’après les sondages (BVA, IFOP, Ipsos, Harris), ils pourraient être entre 260 000 et 595 000 selon les estimations, sur les 2,6 millions à 3,5 millions de votants estimés, soit 10 % à 17 % des votants.

Au premier tour, les sympathisants FN minimisent l’écart Juppé-Sarkozy

Alain Juppé et Nicolas Sarkozy capteraient à eux seuls 62 à 77 % des préférences des partisans de Marine Le Pen. Mais dans la répartition du gâteau, c’est l’ancien président de la République qui s’octroierait la plus grosse part avec 39 à 52 % des intentions de vote (soit entre 12 et 21 % de l’ensemble des bulletins Sarkozy). Entre un cinquième et un quart des voix FN bénéficierait à l’édile de Bordeaux (soit entre 5,6 et 12,6 % du total des votes Juppé).

Prévisions des scores d'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire
Part des sympathisants FN dans le total des intentions de votes
Sources : BVA , Ifop , Ipsos , Harris

Au final, sans les sympathisants du FN, l’issue du premier tour s’en trouverait inchangée, mais Alain Juppé creuserait l’écart avec son rival (de 6,6 à 7,8 % contre les 4 % annoncés par les sondages).

Prévisions des scores d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire sans le vote des sympathisants du FN
Sources : BVA , Ifop , Ipsos , Harris

Au second tour, Nicolas Sarkozy n’aurait aucune chance sans les voix FN

Au second tour, Nicolas Sarkozy parviendrait à bénéficier un peu plus des voix des sympathisants FN (55 à 71 % des votes). Le meilleur scénario pour Alain Juppé se trouve dans l’enquête IFOP avec un potentiel de 45 % des voix FN en sa faveur, bien loin des 29 % pronostiqués par BVA (IPSOS plaçant le curseur à mi-chemin avec 37 % des votes).

Au final, les intentions de votes FN pourraient peser de 14,3 à 21,7 % du total des voix en faveur de Nicolas Sarkozy contre 5,7 à 13,4 % de celles d’Alain Juppé.

Prévisions des scores d'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy au second tour de la primaire
Part des sympathisants FN dans le total des intentions de votes
Sources : BVA , Ifop , Ipsos , Harris

Sans les voix des sympathisants du Front national, Nicolas Sarkozy serait dans tous les cas battu au second tour de la primaire avec un delta pouvant aller de 3 à 20 points avec son rival.

Cette situation le distingue nettement d’Alain Juppé, critiqué de profiter des voix des sympathisants de la gauche, mais qui conserve des chances de l’emporter quand bien même ces derniers ne prendraient pas part au vote.

Sans les sympathisants du FN, Nicolas Sarkozy battu au second tour
Fourchettes de scores incluant les marges d'erreur
Sources : BVA , Ifop , Ipsos , Harris

Comme hier, nous tenons à préciser que ces données, émanant de sondages présentés comme un reflet de l’« état de l’opinion à l’instant de [leur] réalisation et non pas une prédiction » (Ipsos), n’ont d’autre prétention que d’évaluer le poids des sympathisants du FN dans la primaire de la droite et du centre.

Méthodologie

Nous nous sommes basés sur les résultats issus de trois sondages réalisés en septembre sur la primaire du centre et de la droite par BVA, Ipsos et l’IFOP. Chacun de ces sondages indiquent à la fois la part des personnes qui se disent certaines d’aller voter selon leur orientation politique et les choix qu’elles feront aux premier et second tour de la primaire.Il devient ainsi possible de calculer le poids des sympathisants du Front national dans les intentions de vote attribuées à chacun des candidats – nous avons fait le choix de nous focaliser sur Alain Juppé et Nicolas Sarkozy qui sont presque assurés d’être présents au second tour.

Par exemple, dans le sondage BVA, 11 % des participants à la primaire seraient des sympathisants de gauche. 71 % d’entre eux voteraient Nicolas Sarkozy au second tour. L’ancien président de la République perdrait au second tour de la primaire avec 44 % des suffrages.

Nous avons ainsi 11 % x 71 % = 7,81 % de la population totale représentant les sympathisants du FN votant pour Alain Juppé, soit 7,81% / 71 % = 17,75 %, de l’ensemble du vote Sarkozy au second tour.

A contrario, dans la même logique, les sympathisants du FN ne représentent que 5,7 % des votes en faveur d’Alain Juppé au second tour.

Il devient ainsi possible de « gommer » la présence des sympathisants du FN dans les résultats de la primaire. La formule :

(score – % des sympathisants du FN votant pour le candidat) / (100 % – poids des sympathisants de gauche dans la population totale soit 13%)

Nous avons ainsi pour Alain Juppé : 56 % -5,7 % / 89 % = 59,34 %

Et pour Nicolas Sarkozy : 44 % - 17,75%) / 89 % = 40,66 %

Avec un échantillon de 798 personnes représentant un nombre de participants à la primaire de 3500000 votants (soit 8 % des inscrits sur les listes), la marge d’erreur s’élève à 3,4 %. L’ensemble des calcul est disponible dans ce fichier.